Lors de ses dernières vacances d’hiver dans son Espagne natale, Marc a décidé d’aller pêcher le maigre accompagné de son neveu David. Le fils de sa sœur a 4 ans à peine mais Marc espère pouvoir l’initier aux joies de la pêche. Il a donc réalisé quelques montages au bouchon et lui a acheté une canne au coup. Quelques vers et le garçon devrait prendre ses tous premiers poissons ! Marc connaît bien cette zone portuaire où il a pêché enfant et adolescent à de très nombreuses reprises. Il sait ainsi qu’il existe un secteur assez profond accessible avec des lancers puissants du bord qui s’avère un excellent spot à beaux poissons (maigres, grosses raies, tassergals, etc.). Ce spot offre également l’avantage de disposer d’une digue bétonnée bien plate avec des parapets. Il y a ainsi bien moins de risques que dans les rochers. La zone dispose même de blocs de béton spécialement positionné pour s’assoir au bord de l’eau. Un environnement idéal pour faire pêcher un très jeune enfant en toute sécurité !

Marc sait que cibler les beaux poissons avec de gros appâts est une pêche où l’attente peut être longue. Une excellente solution pour pêcher tout en s’occupant de son neveu ! En effet, un enfant aussi jeune nécessite une attention et une surveillance constante – même si la zone est très sûre. Il laissera ainsi deux cannes en action de pêche qui attendront le passage d’un beau spécimen et pourra se consacrer à plein temps à son neveu David. Pour cette session, Marc utilise un montage qui a été conçu localement pour répondre aux configurations spécifiques de ce secteur. Tous les pêcheurs du club de pêche auquel appartient Marc l’utilisent dans cette zone portuaire ! Ce montage est basé sur l’Urfe, - cet accessoire ingénieux inventé en Espagne. Ce dernier permet de pouvoir lancer à de très grandes distances un long traînard quand on pêche en surfcasting. Mais le concept même de l’Urfe a été ici modifié par les pêcheurs locaux afin que l’appât reste bien au-dessus du fond. En effet, le substrat de ce vaste bassin portuaire est sablo-vaseux.

Le montage Urfe long à empile libre est réalisé avec 40 / 50 cm de fil d’acier 100 / 150 lb avec un rolling sleevé à chaque bout – l’un pour l’attache de la ligne et l’autre pour l’agrafe du plomb. Ce matériau offre l’avantage d’offrir une grande rigidité structurelle (bien plus que le nylon). Il reste donc plus droit une fois sur le fond et permet à la grosse perle de plus facilement coulisser. C’est d’ailleurs le secret de ce montage !

Le rolling de l’empile circule librement le long de l’Urfe. Et avec sa grande portance, la perle fait qu’à mesure que le plomb s’enfonce dans les substrats mous de type sablo-vaseux, l’empile reste bien au-dessus du fond. Les pêcheurs locaux avaient en effet constaté que l’appât était entraîné dans le sable mou par le plomb qui s’enfonçait progressivement. Une fois l’esche ensablée, elle était alors hors de portée des poissons et leurs montages étaient donc inefficaces. Avec ce montage, l’esche reste donc bien apparente au-dessus du substrat pour séduire un poisson de passage.

Les pêcheurs professionnels de la zone nettoyant leurs filets rejettent de grandes quantités de poissons morts que les courants ramènent au plus profond du vaste bassin portuaire – ce qui attire donc les beaux poissons. Ce secteur propice profond étant assez éloignée du bord, il fallait donc pouvoir également lancer un long traînard à de très grandes distances. C’est aussi une des raisons pour lesquelles les pêcheurs locaux ont développé ce montage Urfe long à empile libre car celui-ci leur permet de lancer très loin un long traînard tout en ayant l’assurance que celui-ci reste au-dessus du substrat mou. Il est d’ailleurs à noter que la tresse acier permet aussi de mieux fendre le sable quand on désensable le plomb – ce qui est également un réel avantage tant cette opération peut être difficile avec « l’effet ventouse » de ces sables mouvants ! Les membres du club de Marc ont ainsi fait avec ce montage de magnifiques poissons tels que des maigres de 20 à 30 kg, d’énormes raies, des tassergals de 5 à 10 kg, etc.  Encore ici, c’est bien la preuve que les montages sont souvent issus de nécessités rencontrées sur le terrain et que de petits détails astucieux font une énorme différence en termes d’efficacité quand on pêche !

Marc sait que la saison est propice à la présence de maigres dans cette zone. Il utilise du 35/100 en corps de ligne – ce qui est un bon compromis entre distances de lancer et résistance face à un beau spécimen. Pour cette session, il a utilisé du beau calamar entier qui permet d’attendre longtemps le passage d’un poisson. Il pourra ainsi s’occuper à plein temps de son neveu débordant d’énergie ! Cette fois encore, le pêcheur utilise des hameçons dorés (ici des octopus) car il estime que les reflets qu’ils produisent attirent les beaux poissons. Choisis en taille 5/0 et montés en « stewart », ces hameçons à très large ouverture correspondront parfaitement à la large gueule de beaux prédateurs.

Quand il pêche le maigre, Marc utilise aussi de beaux bibis – les plus gros qu’il puisse trouver. Il n’hésite alors pas à les monter sur de l’hameçon de type « chinu » fort de fer à palette n° 1/0 – voire plus ! Eschés de part en part, leur peau est suffisamment robuste pour résister aux assauts des petits poissons – et ils sont nombreux dans ce secteur !

Après avoir lancé ses deux cannes, Marc peut désormais s’occuper de son neveu David. Le secteur est idéal pour l’enfant puisqu’il peut s’assoir et poser sa longue canne à coup sur le rebord du parapet. Connaissant parfaitement le secteur, Marc avait tout prévu ! Le jeune garçon est particulièrement excité à l’idée de prendre son premier poisson. Et comme souvent avec les enfants (même les plus nerveux), le simple objectif de faire une prise les rend soudainement plus attentifs. Tout à leur pêche et avec des rêves de poissons énormes dans la tête, ils sont bien plus concentrés. Du haut de ses 4 ans, David ne fait pas exception et écoute les conseils de son oncle avec attention.

Alors que Marc lui explique le principe du bouchon qui alerte le pêcheur d’une prise quand il coule, David voit des touches au moindre frémissement du bouchon agité par les vaguelettes. Il veut des poissons « aussi grand que ceux de tonton Marc » !

L’enfant reste néanmoins concentré et sur une touche cette fois-ci bien réelle, il réussit enfin à sortir son premier poisson. Une blennie de quelques centimètres a bien voulu se sacrifier pour le pêcheur novice ! David est aussi heureux que fier de sa prise. Ayant vu les nombreuses photos de prises de son professeur dans les articles Normandie Appâts, il souhaite poser avec sa prise comme le « tonton Marc » (« tío Marc » en espagnol). Pour la photo, David se place donc sur le petit promontoire en béton qui lui servait de siège. Si le poisson n’est pas plus grand pour autant, lui au moins le sera. Et il a ainsi l’impression d’être à la plus haute marche d’un podium – une place justement méritée aux vues d’un tel exploit !

Après de telles aventures, Marc n’oubliera pas de récompenser le héros avec un sandwich bien mérité. Au fur et à mesure de la discussion durant le déjeuner, l’estimation de la taille de la blennie par le jeune pêcheur n’en finit pas d’augmenter. La mesure qu’il montre entre ses deux mains s’agrandit à chaque description. Nul doute qu’arrivé chez lui, le poisson aura atteint une taille spectaculaire quand il le décrira à sa maman – la sœur de Marc !

Bien qu’ils soient en hiver, le soleil de midi dans cette région espagnole leur donne l’impression d’être au printemps. Alors qu’ils terminent leur déjeuner, une touche franche agite un des scions de Marc. En se saisissant de la canne, il sait que le poisson s’est déjà quasi ferré de lui-même avec l’inertie du plomb – la résistance étant encore augmentée par le fait que ce dernier soit ensablé. Le pêcheur ferre néanmoins à plusieurs reprises afin de bien ancrer les hameçons et ainsi éviter un possible décrochage en combat. Alors qu’il le ramène après quelques rushs, il reconnaît immédiatement la robe argenté d’un maigre. Ce n’est pas le géant dont il rêvait mais c’est néanmoins un poisson noble. Le peson indique 2 kg – ce qui constitue déjà une belle prise ! Alors que Marc pose avec le poisson en compagnie de son neveu David, il sait déjà que ce maigre fera rêver l’enfant pendant longtemps. Et qu’à son tour, il fera tout pour pouvoir un jour sortir un poisson aussi grand que celui « de tonton marc » - « El tío Marc ! ».