Après avoir terminé le trophée Méditerranée 2022 sur la plage d’Antibes à minuit, Marc Puig du team Normandie Appâts et son ami Joël ont continué leur soirée avec les autres compétiteurs devant un barbecue. Après avoir discuté avec les autres pêcheurs tout en se restaurant, les deux amis ont prévu de rejoindre Vicente qui les attend sur une plage à Cannes. Ils viennent de terminer une compétition de 7 heures mais pourtant, ils ont fermement l’intention de continuer à pêcher !

Vicente est un pêcheur en surfcasting aussi passionné que le duo qui le rejoint. En effet, il est venu en voiture de Genève en Suisse un jour plus tôt et a dormi à l’hôtel. Plus de 6 heures de route pour pouvoir pêcher avec ses amis – et il en sera bien sûr de même pour son retour après une nuit de pêche. C’est bien la preuve que les 3 amis sont de véritables passionnés ! Une fois Marc et Joël arrivés sur la plage, les cannes sont rapidement installées. Vicente étant d’origine espagnole comme Marc, les amis emploient souvent les mêmes techniques utilisées par les pêcheurs ibériques. Ainsi, Marc aligne ses cannes « à l’espagnole » dans l’alignement exacte de celles de Vicente qui lui-même emploie la même astuce. Elles sont placées légèrement penchées vers l’arrière sur leur pique et la ligne est tendue pour que le scion bandé soit à 90 °. Parfaitement parallèles les unes par rapport aux autres, elles se servent mutuellement de repères pour mieux détecter les touches les plus infimes. Elles indiquent même les touches dites « à revenir » quand le poisson revient vers le pêcheur avec l’appât. En fait, Marc et Vicente ont si bien alignées leurs cannes à la « mode espagnole » qu’il est difficile de les distinguer les unes des autres quand on les regarde de côté ! Ainsi, le moindre décalage signalant une touche est immédiatement visible.

Vicente utilise également le même type de montage ultra polyvalent qu’emploie Marc. Avec son micro-rolling et ses stop floats directement sur l’arraché, ce montage est simplifié au maximum. Il ne possède que très peu d’éléments et ceux-ci sont choisis dans les plus petites tailles possibles. Cela permet de gagner en aérodynamisme et donc en distance de lancer.

La base de ce montage est en fait un mini rolling maintenu en place par de petits stop floats directement sur l’arraché. Il est ainsi possible de le déplacer en position basse afin d’obtenir un traînard reposant sur le fond (ex : pour la daurade royale, le marbré, etc.) ou bien en hauteur pour avoir une empile en pleine eau (ex : pour le bar, le sar, etc.). L’empile peut également être facilement remplacée et il est donc possible d’en changer rapidement en fonction du poisson recherché ou des conditions rencontrées. Pour cette session, Marc et Vicente utilisent exactement la même configuration avec un traînard de 2 m en 20/100 armé d’un chinu à palette en taille n°1 pour pêcher avec du bibi.

Très résistant grâce à sa peau épaisse, ce ver charnu sélectionne les plus beaux sparidés et il résiste longtemps au menu fretin dans l’attente d’un gros poisson. Esché en entier de part et d’autre pour les lancers longues distances, cet appât diffuse beaucoup d’effluves attractifs qui attirent les belles pièces de loin. Une valeur sûre pour pêcher les gros sparidés !

Vicente a déjà sa ligne à l’eau depuis longtemps avec un beau Bibi alors que Marc et Joël viennent juste de lancer leurs montages. À peine ont-ils posé leurs cannes qu’un des scions de Vicente indique des touches. Alors que le pêcheur combat son poisson, Marc lance en plaisantant : « On vient à peine d’arriver. On te porte chance ! » La défense du poisson avec des coups de tête marqués indique qu’il s’agit d’un sparidé mais il est peu combattif. Vicente l’échoue assez rapidement sur le sable et les 3 pêcheurs sont véritablement surpris. Il s’agit d’un gros sar commun de plus d’1 kg ! Ce sparidé est habituellement très combattif et, vu son poids, les amis sont vraiment étonnés par sa faible défense. Ça n’en reste pas moins un superbe coup de ligne qui prouve à nouveau que le Bibi est bien une valeur sûre pour les beaux sparidés !

De son côté, Joël pêche au Ver de sable. Très fin, ce ver offre l’avantage d’être hyper aérodynamique et de bien résister aux lancers puissants. Il contribue donc à atteindre de très longues distances. Le Ver de sable est un des meilleurs appâts pour le marbré et la plupart des sparidés mais il est également parfait pour pêcher tous les poissons méfiants se nourrissant en plage.

Durant tout le reste de la nuit, Joël enchaîne les prises de marbrés au Ver de sable. De son côté, Marc qui insiste au Bibi n’enregistre malheureusement aucune touche.

À l’aube, Joël réussit même à prendre un rason au Ver de sable. Portant le nom scientifique de Xyrichtys novacula, ce labre vivant sur le sable est une espèce rare. Et bien qu’il ne dépasse que rarement 30 cm, sa livrée rose avec des lignes bleues turquoise le faisant ressembler à un poisson d’aquarium en fait une prise sympathique. Joël a pris soin de faire attention en posant avec sa prise car cette espèce est particulièrement agressive et elle possède des canines effilées et pointues. Un pêcheur averti en vaut deux !

Alors que le jour se lève, Marc qui n’a fait aucune prise de la nuit enregistre une grosse touche sur son montage esché d’un Bibi Normandie Appâts. Le combat est très particulier mais le poisson semble gros. Ce n’est qu’une fois le poisson échoué sur le sable qu’il comprend sa défense très particulière. Il s’agit en fait d’une belle murène qui dépasse le mètre ! Afin de poser avec elle pour la photo, Marc prendra toutes les précautions nécessaires. Si un rason est agressif, ce n’est rien comparé à ce poisson serpentiforme ! De plus, cette espèce est dotée d’une redoutable dentition très acérée et sa morsure s’avère hyper dangereuse. En effet, ce poisson possède des dents infectées de bactéries ainsi qu’une salive hémolytique et neurotoxique qui entraîne fréquemment des surinfections. Il est donc vivement recommandé d’être très prudent lors de sa manipulation !

Cette prise est d’autant plus étonnante que la murène est un prédateur qui chasse ses proies ou qui consomme éventuellement des charognes. Prendre ce carnassier avec un Bibi est donc inédit – tout comme d’ailleurs la prise de la liche au Ver de Chalut de Mathieu Courtin quelques semaines auparavant. C’est bien la preuve en tous cas que les vers marins peuvent intéresser tous les types de poissons – y compris des prédateurs – et que les surprises sont toujours possibles en pêche avec d’aussi bons appâts !