Pêcheur passionné, Mathieu Courtin a continué à pratiquer son loisir favori durant tout l’hiver. Le double champion de France a même fait dernièrement une session à plus de 2 h de route de chez lui pour aller retrouver son ami Alexandre Puccio. Souhaitant pêcher sur une plage située en milieu urbain, les deux amis sont rapidement confrontés à un problème typique de la Côte d’Azur : le stationnement. Impossible en effet de trouver la moindre place pour se garer dans cette ville !

Lassés de leur recherche infructueuse, ils se rabattent donc sur un parking souterrain. Comme d’habitude sur la Côte d’Azur, son coût est prohibitif. Mais les deux amis ne veulent plus perdre de temps et souhaitent pêcher le plus rapidement possible. Le transport de tout le matériel dans l’ascenseur est impossible. Les deux amis ont donc dû emprunter les escaliers. Trois étages à monter avec le chariot, les glacières, les caisses de pêche, les fourreaux de cannes chargés avec des piques et des trépieds… Un moment qu’ils ont pris avec le sourire mais dont ils se seraient bien passés !

Une fois arrivé sur la plage, Mathieu et Alexandre montent leurs cannes et installent leur poste avec soin. Les deux compétiteurs savent que ce n’est pas une perte de temps car ils en gagneront durant toute la partie de pêche et ils seront ainsi bien plus performants. La marée ne leur est pas propice mais les plages de cette côte étant très pentues (plusieurs dizaines de mètres à distances de lancer), les amis estiment que celle-ci aura moins d’incidence sur leurs résultats. Pour cette session, Mathieu pêche avec deux montages qu’il apprécie particulièrement car il connaît leur grande efficacité : son montage 2 X 2 ainsi que son montage urfe.

Le montage 2 X 2 m tient son nom de ses 2 longues empiles de 2 m. Celles-ci assurent une parfaite présentation de l’appât et une plus grande discrétion face aux poissons les plus méfiants (ex : sparidés). Leur fixation sur le bas de ligne avec un mini-rolling encadré de micro-perles collées leur offre une parfaite rotation multidirectionnelle et leur écartement évite les emmêlements. Ce montage est idéal pour les pêches fines de sparidés tels que des daurades royales, des marbrés, etc.

Sur son autre canne, Mathieu utilise son montage Urfe avec traînard qui est très polyvalent en termes d’espèces. Il peut ainsi intéresser des marbrés, des daurades royales, des sars, des plats, des bars, etc. Il est directement conçu sur un arraché conique dont la tête de ligne fait 57/100 et qui passe progressivement à du 26/100 – ce qui permet de lancer plus loin grâce à un aérodynamisme optimisé du corps de ligne (ici en 18/100). En fluorocarbone, le traînard est long et fin (2 m en 22 à 24/100) afin d’avoir une présentation optimisée pour tromper la célèbre méfiance des sparidés.

L’urfe est un accessoire de connexion métallique aussi simple qu’ingénieux qui permet de lancer à très longues distances un très long traînard. Il dispose d’une attache pour le plomb et d’un émerillon rolling sur la tige pour accueillir le traînard. Il évite ainsi les systèmes d’attaches de l’empile parfois complexes à réaliser tels que des perles clipots, des rollings encadrés de perles collées ou tenues par des nœuds de ligatures collés, etc. Avec l’urfe, il suffit d’attacher le traînard au rolling avec un simple nœud. Le changement d’empile est lui aussi grandement facilité. Avec son excellent aérodynamisme, les distances de lancers sont optimisées et cet accessoire contribue même à un meilleur auto-ferrage grâce au contact direct de l’empile avec le plomb. De réels avantages en action de pêche !

Cette sortie se déroulant tôt dans la saison, Mathieu a utilisé une bonne variété d’appâts afin de viser « large » en proposant un menu éclectique.

Mathieu apprécie le ver de sable car il constitue parfois un véritable sauve-bredouille. Ce ver est très fin et sa faible section très aérodynamique permet d’atteindre de grandes distances de lancer. Il est d’ailleurs à noter que malgré son apparence fragile, ce ver supporte bien les lancers puissants et qu’il offre une bonne résistance à l’hameçon.

C’est un appât assez polyvalent qui permet de toucher de nombreuses espèces. Il est ainsi excellent sur les marbrés, les pageots, les plats, les rougets, etc. Malgré sa taille, il est même capable d’intéresser également une belle daurade royale. Mathieu l’utilise surtout avec son montage urfe.

L’Américain est un des vers préférés de Mathieu. C’est un appât d’une redoutable efficacité sur un grand nombre de poissons. Il est particulièrement attractif sur des sparidés tels que la daurade royale, le sar, le marbré, etc. mais il est également excellent sur beaucoup d’autres espèces comme le bar (ou loup). L’odeur de son sang se diffuse dans l’eau sur de grandes distances et attire le poisson de très loin. Lorsque le ver est mâché, cette hémoglobine contribue également à ce que le poisson le garde plus longtemps en gueule, optimisant ainsi un bon ancrage de l’hameçon.

Ce gros ver est l’appât par excellence des belles daurades ! Très charnu, il possède une forte section et représente une belle bouchée pour sélectionner les plus gros spécimens. Il offre aussi l’avantage d’avoir une peau épaisse et il ne craint donc pas l’attaque du menu fretin. Un excellent appât pour tous ceux qui recherchent les gros sparidés !

Mathieu et Alexandre ont commencé à pêcher alors qu’il faisait déjà nuit. Mais cette session débute bien car à peine arrivés, les amis touchent déjà du poisson. Ainsi, Mathieu prend rapidement un joli marbré à l’Américain Normandie Appâts sur son montage urfe. Un beau spécimen pour cette espèce puisqu’il fait 40 cm.

De son côté, Alexandre réussit à prendre une belle daurade au Ver Américain. C’est bien la preuve que même en hiver, il est possible de pêcher ce sparidé !

Les touches s’enchaînent avec régularité et les deux amis prennent de nombreux marbrés. Encore ici, le montage urfe de Mathieu avec son long traînard esché au ver de sable s’avère très performant sur cette espèce. Ils prennent également un grand nombre de pageots. En tout, ils ne conserveront que les 7 plus beaux marbrés et 3 gros pageots. Une bonne dizaine de petits marbrés et autant de pageots juvéniles ont été libérés avec soin par respect pour la ressource.

Parmi les nombreuses prises de marbrés, Mathieu touche enfin sa première daurade royale. Elle a mordu sur son montage 2 X 2 esché avec un Américain – ce qui prouve à nouveau son efficacité sur les beaux sparidés.

Peu après, Mathieu a la surprise de constater qu’il a pris à l’Américain un sévereau aussi grand que le ver sur le même montage. Ce poisson avait vraiment de l’appétit !

Alexandre et Mathieu sont des pêcheurs expérimentés (tous deux sont des compétiteurs confirmés). Sachant que la zone est riche en beaux tassergals et en barracudas, chacun d’entre eux a donc placé en attente une canne avec un vif fraîchement pêché auparavant avec un ver. Ainsi, le beau sévereau si gourmand est aussitôt reparti à l’eau esché sur une empile. Cette espèce constitue un vif très attractif qui offre l’avantage de rester en vie longtemps. Avec la forte déclivité de cette plage, il leur a suffit d’envoyer une ligne uniquement dotée d’un plomb et de placer un simple clipot pour montage téléphérique doté d’une empile. Grâce à son ressort, cet accessoire ingénieux s’installe directement sur la ligne mère et le seul poids du vif le fait coulisser jusqu’à l’eau. Vous évitez ainsi d’abîmer le vif lors d’un lancer et celui-ci reste vivant bien plus longtemps. L’idéal pour espérer la prise de beaux prédateurs !

Pour cette pêche ciblant des prédateurs à la dentition très coupante (tassergals, barracudas, etc.) Mathieu vous recommande vivement un bas de ligne en acier afin d’éviter les coupes. Cette pêche accessoire s’effectue en complément de celle plus active aux vers. En effet, la canne à vif placée à l’écart peut ainsi être laissée sans surveillance pendant plusieurs heures en attente du départ d’un beau poisson. C’est ainsi que cette nuit-là, Alexandre a réussi à pêcher un congre ainsi qu’une belle murène. Même si le poisson visé était clairement le tassergal, un départ au vif constitue toujours un grand moment d’émotion. Leur combat était intéressant et ils ont également rajouté deux espèces au compteur de cette session multi-espèces !

À ce sujet, Mathieu vous conseille d’être très prudent quand vous manipulez des poissons à la dentition acérée (ex : tassergal) ou à la mâchoire ultra puissante (ex : congre). Ainsi, le compétiteur vous recommande vivement d’utiliser un fish grip qui tient par la gueule ou encore une pince à poisson type pince à vives qui enserre le corps du poisson. Sachez à ce propos que la murène possède une double mâchoire – la seconde mâchoire pharyngienne étant mobile à l’intérieur de la gueule (ce qui a d’ailleurs inspiré le monstre du film Alien !). Mais outre la double morsure, sachez que sa salive contient des sécrétions hémolytiques ainsi que neurotoxiques et que ses dents recouvertes de bactéries par des aliments en putréfaction causent très fréquemment des infections sévères. Le style d’information que tous les pêcheurs à l’appât en mer devraient connaître. Restez donc très prudents avec ces poissons !