En cette fin avril, le couvre-feu de 19.00 h à 6.00 h est toujours en vigueur et il est donc impossible d’aller pêcher de nuit ou au crépuscule – des périodes pourtant très propices à la pêche de la daurade royale ! Pêcheur passionné, Mathieu Courtin du team Normandie Appâts sait néanmoins que l’aube est également un créneau très favorable à la pêche de la daurade royale. Le soleil se levant à 6.45 h le lendemain et habitant à quelques minutes de la plage, il a donc choisi de tenter sa chance tôt le matin en pêche à la calée. Avec les beaux jours déjà bien installés, il sait que les baigneurs envahiront les lieux progressivement à mesure que le soleil montera. Mais même si la session ne durera pas longtemps, c’est l’occasion de pêcher quelques heures malgré les restrictions. Même en peu de temps, il y a toujours l’espoir de toucher une belle daurade royale. Et quand on est passionné de pêche, il vaut toujours mieux être au bord de l’eau à pratiquer son loisir favori que rester enfermé chez soi !

Déjà prêt bien avant 6.00 h avec le matériel dans la voiture, Mathieu est littéralement dans les starting-block ce matin-là ! Le couvre-feu fait que cette session sera très courte et dès l’heure fatidique, il s’empresse donc de rejoindre un de ses spots situé près de chez lui. Arrivé en quelques minutes, il installe très rapidement son matériel. Sachant qu’il n’aura que peu de temps, il a prévu de pêcher à la calée avec un minimum d’équipement. Deux cannes de surfcasting light déjà dotées de leurs montages préparés à l’avance, deux pics, un petit sac d’accessoires (fils, hameçons, rolling, aiguilles à vers, etc.) et une boîte de vers américains Normandie Appâts : il n’en faut pas plus pour une session qu’il sait très courte ! Le soleil commence juste à se lever que son poste est déjà installé et que les montages eschés sont déjà à l’eau en action de pêche depuis plusieurs dizaines de minutes.

Mathieu sait que cette plage est un excellent poste pour les dorades royales car elle dispose d’épis rocheux. Ces amas de pierres sont placés transversalement à la rive pour limiter la dispersion du sable par les courants. Toutes ces roches accueillent des coquillages et de nombreux crabes qui attirent ces sparidés de loin. Notre pêcheur sait qu’il n’est pas nécessaire de pêcher à de trop grandes distances car les daurades mangent très près de ces structures – et d’autant plus le matin. En effet, elles évoluent alors parallèlement à la plage d’épis en épis pour glaner leur nourriture.

Mathieu utilise ici un montage pêche à la calée très simple mais pourtant très efficace. Coulissant, il est parfaitement adapté à la dorade royale – un sparidé particulièrement méfiant. Contrairement à du surfcasting où les distances de lancer sont très importantes, il n’est pas ici utile d’avoir un corps de ligne trop fin et du 25 à 30/100 en direct sans arraché est suffisant. Pour ces pêches à distances moyennes, le plomb coulissant est également assez léger (60 à 80 g). Celui-ci est stoppé par un simple rolling choisi en petite taille pour plus de légèreté. Entre le plomb et cet émerillon, Mathieu intercale une perle dure suivie d’une perle molle afin de protéger le nœud des chocs.

Ce montage dispose d’un plomb à ailettes. Ce lest offre de multiples avantages en action de pêche. Ainsi, les ailettes le stabilisent en vol et le rendent plus planant. Très aérodynamique, il permet donc des lancers à plus grandes distances qu’un lest traditionnel. Ce profil spécifique est également un atout dans des milieux encombrés. En effet, il décolle très vite du fond quand on le récupère et il plane au-dessus du fond – limitant ainsi les risques d’accrochages. De même, sa grande surface de contact avec le sol fait qu’il s’enfonce moins dans les substrats mous. Enfin, le tube en plastique dépassant vers l’arrière joue très efficacement le rôle d’anti-emmêleur lors du lancer. De très fort diamètre, ce tube permet également un bien meilleur coulissement de la ligne que le canal interne d’un plomb seul. La dorade sent moins de résistance – ce qui le rend très efficace sur cette espèce. Autant d’atouts pour pêcher ce poisson si méfiant !

Pour cette courte session, Mathieu utilise des Américains XL Normandie Appâts qui lui restaient d’une précédente sortie. Il apprécie beaucoup ce ver pour traquer la dorade royale car il sait que cet appât très sanguin dégage de puissants effluves qui attirent ce sparidé sur de grandes distances. Les eaux étant très claires et Mathieu souhaitant pêcher très fin avec de petites bouchées, il a choisi de n’utiliser que des tronçons de ce ver qu’il découpe à l’aide de ciseaux. 4 à 5 cm suffiront amplement pour un hameçon de taille réduite (ici un n° 6 !) Ce « downsizing » (descendre en taille) est souvent très efficace lors de conditions difficiles et en présence des poissons très méfiants. Autant mettre toutes les chances de son côté !

Depuis le début de sa session, Mathieu sait que le temps lui est compté. Avec la fin du confinement et des restrictions de déplacements, les journées ensoleillées de printemps attirent irrésistiblement de nombreuses personnes souhaitant retrouver les joies du plein air. Rien de plus normal ! Mais avec l’impossibilité de pêcher de nuit à cause du couvre-feu, cela limite d’autant les créneaux pêche pour un passionné tel que lui. C’est d’autant plus frustrant qu’un pêcheur sur une plage déserte ne représente aucun danger pour quiconque !

Alors qu’il est tout à ses réflexions sur cette situation inédite, Mathieu voit son écureuil monter brutalement. Dès le ferrage, il sait aux coups de tête caractéristiques qu’il s’agit d’une daurade royale de bon poids. Ce n’est pas un poisson record mais sur ligne fine et avec un ensemble light, son combat est très intéressant ! Mathieu prend son temps afin d’éviter toute casse – d’autant plus que la dorade se défendant loin de roches, les risques de casses sont ultra réduits.

Le poisson est finalement échoué sur la plage. Cette daurade royale pèse entre 700 et 800 g. Ce n’est pas un poisson trophée mais après les semaines de confinement sans pouvoir pêcher et même s’il a fait quelques sorties depuis, ce beau sparidé fait plaisir ! Sa stratégie consistant à utiliser un bas de ligne très long et fin en fluorocarbone (2 à 2,5 m) avec un hameçon de 6 pour ces eaux cristallines a payé ! Associé à la taille réduite de son appât, la légèreté et le piquant de cet hameçon a également dû contribuer à déjouer la méfiance proverbiale de ce sparidé en facilitant l’aspiration de l’esche.

Mathieu insistera encore un peu plus d’une heure mais déjà, les premiers badauds arrivent sur la plage. Les premières serviettes installées sur le sable indiquent clairement que les baigneurs vont bientôt rentrer dans l’eau. Mathieu réussit à prendre une autre daurade royale mais celle-ci est petite. Après l’avoir décroché avec soin, Mathieu la libère aussitôt.

La plage commence à se remplir de baigneurs et d’amateurs de sports nautiques. Mathieu sait qu’il est temps pour lui de partir. Avec humour, il se fait la réflexion que l’avantage d’avoir peu de matériel est également de pouvoir le ranger beaucoup plus rapidement ! Cette session fut courte mais riche d’enseignements pour le pêcheur. Même avec les limitations de temps liées au couvre-feu et des créneaux horaires raccourcis, il est en effet toujours possible de faire de beaux poissons. Encore ici c’est bien la preuve que la réussite d’une sortie pêche dépend beaucoup d’une bonne stratégie et des préparatifs qu’on a engagés auparavant pour l’organiser !