Marc Puig du team Normandie Appâts est d’origine espagnole et ce pêcheur passionné nous a déjà montré un eschage très original couramment pratiqué dans son pays d’origine : le bibi ligaturé « à l’espagnole ». Cette façon inédite et très astucieuse de préparer un bibi qui est très employée par les pêcheurs ibériques offre de nombreux atouts : distances de lancer grâce à un meilleur aérodynamisme, plus grande robustesse, présentation parfaite, chairs apparentes plus attractives visuellement et libérant de forts effluves, etc. Marc nous a expliqué dans ce tutoriel présenté il y a quelques mois dans notre blog comment escher un bibi « à l’espagnole » : 
http://www.normandie-appats.com/news/escher-un-bibi-a-l-espagnole

La pêche en surfcasting est beaucoup pratiquée en Espagne par un grand nombre de fervents passionnés - aussi bien sûr la façade Atlantique que sur les côtes méditerranéennes. Et pour optimiser leurs pêches, les pêcheurs ibériques ont développé bien d’autres astuces que la plupart des pratiquants français ignorent. Parmi celle-ci, Marc utilise une façon très particulière de positionner ses cannes sur ses piques qui est très utilisée en Espagne. Il nous en explique ici le principe et les nombreux avantages en action de pêche.

En surfcasting, les cannes sont traditionnellement posées sur des trépieds ou des piques pour surélever la canne au maximum afin que le fil passe au-dessus des vagues. Les cannes sont alors positionnées dans un angle compris entre 90 et 45 degrés. Même lorsque les pêcheurs souhaitent avoir leur blank le plus à la verticale possible pour passer au-dessus des rouleaux, les cannes sont généralement légèrement penchées vers la mer pour rester stable dans leur support.

Pour les espèces très méfiantes, ils inclinent même fortement leurs cannes vers l’avant. Penchés jusqu’à plus de 45 degrés, les blanks opposent alors bien moins de résistance au niveau du scion. Il suffit d’aller assister aux compétitions de surfcasting pour constater que l’immense majorité des compétiteurs français pratiquent de la sorte. Ce n’est pourtant pas le cas en Espagne !

Ainsi, tout comme Marc depuis près d’un an, de nombreux pêcheurs ibériques penchent volontairement leurs cannes vers l’arrière par rapport à la mer. Cette façon de faire pourra en étonner beaucoup mais les avantages sont nombreux.

Les piques sont plantés légèrement vers l’arrière. Une fois la canne positionnée dans son godet, le pêcheur mouline jusqu’à bander légèrement le scion afin qu’il soit parfaitement à la perpendiculaire du sol. Le scion en tension est alors dans un angle à 90 ° par rapport à la mer. Les deux piques sont également plantés de telle sorte que les cannes soient parfaitement parallèles l’une par rapport à l’autre et très proches. En jouant sur l’inclinaison des piques et la tension de la ligne, le pêcheur cherche en fait à former un ensemble parfaitement symétrique. Lorsque le pêcheur se positionne sur le côté des cannes, les blanks doivent quasiment donner l’impression de se superposer, - de ne former qu’un. Avec les scions qui sont exactement dans la même position et très proches l’un de l’autre, ce parallélisme rend alors la perception des touches beaucoup plus facile. En effet, en se plaçant latéralement, le plus infime décalage d’un scion par rapport à l’autre est immédiatement visible par le pêcheur. Même les touches les plus subtiles sont ainsi immédiatement repérées.

Ce positionnement des cannes permet même la lecture des touches dites « à revenir ». Ce type de touche est occasionné par un poisson qui revient vers la côte avec le montage et qui détend donc la ligne – une spécialité de certains poissons tels que les sparidés. C’est d’ailleurs pour détecter ce type d’information que les pêcheurs utilisent un écureuil positionné entre le premier et le second anneau de leur canne – le scion ne pouvant normalement donner de telles indications. En positionnant les cannes « à l’espagnole » et en appliquant une tension, le scion bandé se détend lors d’une touche « à revenir » et part vers l’arrière.

Cette technique est similaire à celle du quiver tip et du swing tip où les pêcheurs en eau douce utilisent un support cranté ou même une règle graduée plantée au sol pour visualiser les touches les plus infimes – y compris celles à revenir. En effet, disposer de repères aide grandement à visualiser le moindre écart. L’astuce du positionnement des cannes « à l’espagnole » est que ce sont les blank eux-mêmes qui servent de repères l’un par rapport à l’autre. Mieux encore : la soudaine absence de tension dans la ligne lors d’une « touche à revenir » fait que sous le poids du moulinet, la canne penchée en arrière tourne sur elle-même. Le moulinet se retrouve donc de l’autre côté et, ce faisant, il agit comme un avertisseur de touche « à revenir » hyper visible ! C’est très ingénieux et les avantages pour le pêcheur sont nombreux !

Comme tous les autres membres du team Normandie Appâts, Marc utilisait auparavant des écureuils pour repérer les touches très fines et celles dites « à revenir ». Mais depuis près d’un an, il positionne désormais ses cannes « à l’espagnole » et se passe donc de cet indicateur – y compris en compétition. Dans leurs recherches constantes pour optimiser leur temps de pêche et obtenir toujours de meilleurs résultats, les pêcheurs ibériques se sont vite rendus compte des multiples avantages de cet astuce.

En effet, positionner l’écureuil entre les anneaux fait perdre beaucoup de temps – et celui-ci est précieux en compétition. Cet indicateur est ainsi replacé des dizaines de fois par session – et toutes ces minutes cumulées pèsent lourd en termes de résultats dans un concours. Pire : en détendant la ligne pour placer l’écureuil, il est ainsi possible de passer à côté d’une touche car l’appât fonctionne dès qu’il atteint le fond. De même, Marc estime que le fait de détendre le fil avec des poissons tels que les marbrés diminue l’efficacité de l’auto-ferrage.

La disposition des cannes vers l’arrière présente néanmoins un inconvénient avec un pique à anneau ouvert : le risque de chute de votre ensemble ! Il existe bien sûr des piques avec anneau fermé mais ceux-ci sont peu pratiques à l’usage. Ces derniers font perdre du temps quand on doit sortir le talon de la canne par le haut. De même, ce manque de réactivité peut vous retarder sur un ferrage et ainsi vous faire perdre un poisson – ce qui n’est pas le but recherché ! Comme beaucoup d’autres pêcheurs ibériques, Marc dispose donc de piques avec un anneau ouvert disposant d’un système de fermeture. Cet accessoire ingénieux en plastique très solide dispose d’un loquet à ouverture rapide monté sur ressort. Une fois la canne positionnée dans le godet du pique, la fermeture de l’anneau du haut retient parfaitement le blank qui peut ainsi être penché vers l’arrière. Sur une simple pression vers le haut du loquet, celui-ci s’ouvre. C’est très pratique et ultra rapide ! D’ailleurs, ce système pourra être également utilisé pour tous ceux positionnant de façon classique leurs cannes lors des coups de mer si propices à la pêche du bar. Ils éviteront ainsi que les cannes ne chutent à cause d’une forte bourrasque. Un départ violent suivi d’une casse ou d’un décrochage peut également faire basculer la canne vers l’arrière lorsque le blank en tension se détend. Le risque réel est ici de briser vos blanks et les mécanismes de précision des moulinets n’apprécient guère l’intrusion de sable !

Même s’ils sont actuellement rares en France, il existe dans le commerce quelques uns de ces systèmes de verrouillage chez quelques marques. Pour des raisons évidentes, ces derniers sont beaucoup plus nombreux et mieux distribués en Espagne – le nombre de pêcheurs utilisant cette astuce étant bien supérieur. Il existe néanmoins la solution de bricoler soi-même ce type d’accessoire hyper facilement et pour un coût…insignifiant !

Seuls quelques piques sur le marché disposent déjà de trous sur l’anneau ouvert (Turkana). Si le vôtre n’en disposent pas, il vous suffit d’utiliser une simple perceuse dotée d’une mèche d’un diamètre supérieur à celui de la tige que vous allez utiliser. Prenez soin de bien percer au centre de l’épaisseur tout en restant bien droit pour une meilleure résistance – l’anneau devant accueillir le poids de la canne et du moulinet. Prenez une simple tige métallique en inox anticorrosion ou bien encore une aiguille à ver épaisse comme Marc. Avec une pince plate, pliez en formant un angle à 90 ° à chaque bout. Ces retours doivent parfaitement correspondre aux trous de l’anneau ouvert. Un de ces retours sera 2 fois plus long que le premier. Au besoin, il suffit d’ajuster avec une pince coupante. Positionnez cet accessoire dans les trous.

Glissez une perle à large trou sur le bout le plus long et avec la pince plate, faîtes un petit coude qui la maintiendra en place. Notez que Marc a ici utilisé une perle phosphorescente afin de pouvoir visualiser l’accessoire de nuit. En servant de butée, cette perle évitera que vous perdiez cet accessoire lorsque vous l’ouvrez. Un bricolage simple et ultra économique qui devrait intéresser de nombreux pêcheurs – même ceux n’utilisant pas l’astuce des cannes positionnées à l’espagnole !

Il est toujours intéressant de constater que même au sein d’un team pêche tel que celui de Normandie Appâts, chacun de ces compétiteurs confirmés possède des tactiques différentes. Même quand ils ciblent le même poisson, les nombreux détails de montages, les techniques ou les stratégies peuvent différer. Comme pour tous les pêcheurs, chacun a ses propres tactiques et dispose de ses propres astuces. Ainsi, certains privilégient l’écureuil pour les touches à revenir alors que d’autres comme Marc préfèrent positionner leurs cannes « à l’espagnole ». L’essentiel n’est pas ici de déclarer si une technique est supérieure à l’autre – les résultats dépendant de nombreux autres facteurs tels que la stratégie du pêcheur, les conditions ou l’humeur du poisson. L’intérêt de cet article pour le lecteur sera de lui montrer toutes les astuces existantes afin qu’il fasse son propre choix. Tout comme dans la vie, plus l’éventail de possibilités et de connaissances est large et plus les chances de succès sont importantes.