Pêche de la raie bouclée
- Technique de pêche
Grosse raie bouclée prise à l’inchiku associé à des appâts
Connaître la raie bouclée
Raja Clavata (raie bouclée). Gravure issu du livre « Histoire naturelle des poissons » de Marcus Élieser Bloch – 1785 – Photo provenant de la Biodiversity Heritage Library
Nom scientifique : Raja clavata
Famille : rajidé
Noms communs : raie bouclée, clouée, raie grise, raie frisée, raie grise bouclée, raie verte, raitène, clavaillada, clavelada, etc.
La raie bouclée est un poisson cartilagineux, - comme toute la famille des rajidés ou encore des requins dont les raies sont d’ailleurs très proches. Chez cette espèce, il existe une différence de taille notable entre les sexes. Ainsi, la femelle peut mesurer jusqu’à 1,20 m de longueur tandis que le mâle n’atteint que 70 cm. Alors que le ventre est blanc, la couleur du dos va du gris au brun clair selon la nature du biotope et sa localisation géographique. Sa livrée est composée de marbrures composées de lignes sinueuses et de taches irrégulières aux teintes jaunes. La raie bouclée présente une forme aplatie en losange assez caractéristique. Ses nageoires pectorales triangulaires sont de grande taille. La queue est longue et dispose d’une alternance d’anneaux sombres et clairs.
Avec sa forte dentition, la raie bouclée est capable de broyer de gros coquillages !
La gueule de la raie bouclée se trouve sur la face ventrale et présente une mâchoire supérieure avec une forte dentition. Il est à noter que ces dents sont aplaties chez la femelle et pointues chez le mâle. Adulte, elle présente sur le dos et la queue des épines recourbées en forme de boucles qui la rendent trés facilement reconnaissable.
Le saviez-vous ?
Raie bouclée (photo de Mr. Hans Hilewaert – Wikipedia)
Le nom français de la raie vient du latin « Raia » - d’où également l’origine son nom scientifique « Raja ». Le terme raie bouclée provient des épines recourbées présentes sur son dos. C’est aussi la raison pour laquelle son nom scientifique est « clavata » - « clavatus » signifiant en latin « garnie de piquants ». Vous noterez que les œufs de raie sont nommés poétiquement « porte monnaie des sirènes » par les anglo-saxons.
L’aire de répartition géographique de la raie bouclée s’étend sur toutes les côtes françaises (Mer du Nord, Manche, Atlantique et Méditerranée. C’est d’ailleurs l’espèce de raie la plus commune dans l’hexagone. Elle vit et se nourrit sur des fonds sableux, vaseux ou composés de graviers. Elle aime s’enfouir dans ces substrats meubles pour chasser à l’affut des céphalopodes, des poissons ou des crustacés. Elle apprécie également les vers ou encore les coquillages. Elle peut se trouver très prés des côtes jusqu’a des profondeurs pouvant atteindre prés de 400 m. La raie bouclée est ovipare et se reproduit au printemps.
Distinguer la raie bouclée des autres raies
La raie bouclée est reconnaissable par sa forme en losange et l’alternance de bandes claires et foncée sur sa queue
Il existe de nombreuses espèces de raies – dont plusieurs ont une forme de losange comme la raie bouclée. Les livrées étant également différentes selon l’âge, le sexe ou le biotope des individus, il n’est pas possible de se baser sur ces critères pour distinguer cette espèce par rapport à d’autres. Une bonne façon de reconnaitre une raie bouclée est l’alternance d’anneaux sombres et clairs présents sur sa queue car c’est la seule raie à en présenter. Il est aussi possible de se baser sur les grosses épines recourbées en forme de boucle avec une base circulaire situées sur le dos mais sachez que dans certaines zones littorales (ex : golfe de Gascogne), la raie bouclée peut en être dépourvue.
Pêche de la raie bouclée
Cette petite raie bouclée a été prise par Joël avec un inchiku associé à une lamelle de calamar
Encore ici, il sera illusoire de dire qu’on va spécifiquement rechercher la raie bouclée. En pêches profondes, ce poisson sera pris en même temps que d’autres espèces benthiques telles que des sparidés, des sébastes, des congres des chapons, des merlus, des grondins, etc. On peut néanmoins se donner plus de chances d’en toucher en la recherchant dans ses biotopes favoris. Ainsi, la raie bouclée est un poisson qui sera pêché sur des substrats de sable, de vase ou de graviers. Il est possible de trouver cette espèce aussi bien en pêche côtière dans des fonds moyens que dans de plus grandes profondeurs (au-delà de 100 m). Ce poisson benthique vit directement sur ces fonds meubles où il s’enfouie pour se camoufler durant la journée. Il sera donc recherché avec des appâts reposant directement sur le substrat. Un montage robuste disposant d’un traînard sera alors préconisé. Il sera également possible de la rechercher avec un inchiku associé à un appât qui sera manié directement sur le fond.
Montage collé spécial gros poissons et pêche profonde
Montage collé gros poissons / pêches profondes
Ce montage est parfait pour les pêches profondes de beaux poissons et son traînard faisant reposer l’appât directement sur le fond est idéal pour la raie bouclée. Il est très solide puisqu’il est composé d’un bas de ligne en nylon 60 à 65/100 sur lequel sont disposés une empile et un traînard en fluorocarbone de 55 à 60/100.
Raie bouclée prise par Maurice avec un montage empile et traînard
Les perles tubes collées participent à la grande robustesse de ce montage. En effet, par rapport à des nœuds constituant des points de faiblesse, vous avez l’assurance d’avoir 100 % de la résistance linéaire de votre fil. Ces diamètres élevés associés aux perles collées seront un atout certain pour la pêche de belles raies car elles opposent une énorme résistance à la récupération dans l’eau avec leur large corps.
Hameçon octopus à œillet
Les hameçons octopus à œillet en taille 2/0 à 4/0 seront parfaits pour accueillir de belles bouchées (ex : lanières de céphalopodes). Nous vous recommandons des hameçons ronds à palette de mêmes tailles pour escher à l’aiguille des vers (ex : Bibis, Rags, etc.) afin de pouvoir plus facilement les remonter sur le fil. L’avantage de l’empile haute sera d’intéresser d’autres espèces se nourrissant au-dessus du fond, rendant ce montage très polyvalent en termes de prises.
Retrouvez toutes les explications de ce montage très efficace dans cet article Normandie Appâts : http://www.normandie-appats.com/news/montage-colle-special-gros-poissons-et-peche-profonde
Inchiku associé à un appât
Associés à des appâts, les inchikus sont excellents pour pêcher la raie bouclée
Avec son corps en plomb en forme d’ogive, l’inchiku est un leurre qui nage naturellement à l’horizontale près du fond – ce qui est parfait pour pêche de la raie bouclée au plus près du substrat. L’octopus recouvrant les deux assist hooks est un teaser parfait pour la pêche de ce prédateur qui adore les céphalopodes. Les effets de volume de la jupe qui se contracte et se rétracte successivement ainsi que les fins tentacules émettent des vibrations très efficaces sur cette espèce. En effet, la raie est extrêmement sensible aux ondes de pression dans l’eau car posée sur le fond, ce prédateur se sert beaucoup de sa ligne latérale pour chasser.
Nicolas avec une belle raie bouclée prise à l’inchiku boosté aux appâts
Associé à des lanières de calamars ou des bibis, l’inchiku est ultra efficace sur les raies lorsqu’il est manié directement sur le substrat. Très simple à utiliser, même des débutants peuvent ainsi prendre du poisson. N’hésitez pas à « gratter » directement le fond meuble afin de soulever des nuages de particules attractifs. Tout en dandinant lentement, taper le substrat régulièrement créera également des vibrations que la raie ressentira sur de grandes distances grâce à ses organes de perception très développés (technique du bottom taping).
Les appâts
Qu’ils soient utilisés sur un montage ou sur un inchiku, les appâts devront être solides et copieux. La raie se nourrissant directement sur le substrat, des vers charnus seront donc parfaits pour séduire cette espèce.
Bibis Normandie Appâts
Le bibi reste un ver incontournable pour les pêches de beaux poissons – surtout en pêches profondes. En effet, sa peau robuste lui permet de résister longtemps aux petits poissons indésirables afin d’attendre un beau spécimen tel qu’une raie. Ce ver très épais et de forte section représente une belle bouchée et son jus hyper attractif fera bouger les poissons sur de grandes distances. Sa couleur blanche nacrée et sa légère phosphorescence seront également de véritables avantages en pêches profondes directement sur le substrat.
Rags Normandie Appâts
Le Rag est un ver très charnu qui peut mesurer jusqu’à plus de 20 cm. Il est donc très intéressant pour rechercher une espèce benthique telle que la raie. Esché à l’aiguille de telle façon que la tête se retrouve au niveau de la pointe de l’hameçon, il est alors très résistant. Ses effluves très puissants sont perçus de très loin par les poissons et ce ver a tendance à sélectionner les beaux spécimens. Il est à noter que tout comme le Bibi, le Rag dispose lui aussi d’une légère phosphorescence qui est un atout dans ces pêches ou l’appât est présenté sur le fond.
Découpe aux ciseaux des lanières de calamar
Lanières et tentacules de calamar
Les lanières et tentacules de calamars sont également de très bons appâts pour la raie bouclée qui adore les céphalopodes. Ils tiennent très bien sur un inchiku et supportent toutes les animations. Ils sont particulièrement sapides et leur arôme est perçu sur de grandes distances par les poissons.
La languette de calamar est découpée en forme de feuille
Les lanières gagneront à être découpées en forme de feuille afin qu’elles ondulent de façon attractive dans les courants.
Une touche subtile
La touche de la raie est particulière
La touche de la raie bouclée est différente de celles des autres poissons. En effet, avec son large corps très plat et sa gueule située sous son corps, ce poisson doit recouvrir l’appât. Avec sa grande circonférence, il arrive souvent qu’une partie de son corps touche le bas de ligne. La touche est alors curieuse car elle donne l’impression d’une longue tirée régulière et qu’une masse importante « gratte » votre bas de ligne en tension. C’est ainsi fréquent même avec un traînard de 80 cm avec les spécimens de grande taille pouvant atteindre plus d’un mètre de large.
Cette magnifique raie prise à l’inchiku a été aussitôt relâchée après la photo
C’est d’autant plus perceptible avec un inchiku car l’appât se retrouve alors très près de votre bas de ligne et, en le recouvrant, le poisson le heurte inévitablement. Il conviendra de ne pas ferrer de façon trop précoce car il faut laisser le temps à la raie de positionner sa gueule sur l’appât. Contrairement à d’autres espèces, ce poisson ne part pas avec l’esche. Comme beaucoup de poissons plats, il reste juste posé dessus afin de l’immobiliser et pour le déguster à son aise. Il ne faut donc pas s’attendre à une touche violente mais bien plutôt à une sensation de lourdeur dans la ligne.
Un combat…lourd !
Le combat avec une belle raie peut être long et fatiguant
Même avec un ferrage ample, la sensation du combat avec une raie est étonnante. Vous ressentirez peu de coups de tête marqués mais ceux-ci seront de grande amplitude et assez lents. La raie a tendance à faire des travers mais à une vitesse modérée. Elle bouge tout en puissance en profitant de son large corps pour prendre appui sur l’eau. Un véritable tracteur ! Avec un beau spécimen, le plus dur est de la décoller du fond car ce poisson fera tout pour y rester. Il sera alors nécessaire de lui appliquer une tension maximale avec des pompages courts. Lors du combat, la grande surface du corps de la raie oppose une résistance considérable à la récupération qui vient s’additionner à la puissance de ses ailes. Chaque mètre gagné demandera beaucoup d’efforts et sortir une grosse raie en pêches profondes peut être long et fatiguant.
Belle raie prise avec un inchiku boosté aux appâts
Arrivé au bateau, une épuisette à large ouverture montrera ici toute son utilité. Le vieil adage « qui peut le plus peut le moins » prendra ici tout son sens concernant le choix de votre épuisette bateau ! Sachez enfin que la raie bouclée se relâche facilement et que même pris profondément, elle ne subit pas les effets du barotraumatisme. Les raies devenant rares, le pêcheur sportif aura donc à cœur de libérer ce poisson si particulier.