Pêche à la palangrotte spécial débutants avec Mathieu Courtin
- Technique de pêche
L’histoire de la palangrotte
Triplé avec deux girelles et une vieille à la dure rouge pour Mathieu !
La pêche à la palangrotte est pratiquée depuis très longtemps en Méditerranée et elle est même un des symboles de la pêche dans le sud de la France. Cette technique permet de pêcher des petits poissons de roche au mouillage qui sont destinés à réaliser la traditionnelle « soupe » (consommée seule ou avec la bouillabaisse). Par métonymie, c’est la raison pour laquelle on parle de « pêche de la soupe ». De façon traditionnelle, elle se pratiquait avec des lignes à main épaisses qui étaient enroulées sur des plioirs en liège nommés « boulentins ». À l’époque, la ligne était constituée de chanvre tressé qui était teint avec du « tan » (écorce de chêne moulue) pour la protéger de la corrosion de l’eau de mer. Les empiles étaient faites en crin de cheval tressé et recevaient chacune un « musclaou » (hameçon). Avec l’apparition du nylon, ces lignes à main ont été progressivement remplacées par ce matériau (50/100 en moyenne).
La pêche à la palangrotte était initialement pratiquée des « pointus » - de petits bateaux en bois provençaux. (photo de pointus à Martigues – le miroir aux oiseaux – crédit photo BlueBreezeWiki)
Cette technique se nomme également « pêche au doigt » car c’est en mettant la ligne sur l’index que les pêcheurs ressentent la touche. Une fois le poisson ferré, il est aussitôt ramené à la main par grandes brassées – le fil étant disposé en boucle à côté du pêcheur. Afin d’éviter les emmêlements ou des ganses s’enroulant autour de leurs pieds, certains utilisent un seau pour recueillir le fil – cette astuce étant surtout utilisée dans des pêches profondes. Cette pêche au mouillage de quelques mètres à parfois plus d’une cinquantaine de mètre de fonds s’effectuait sur de petits bateaux ou des pointus. Les franc-bords étaient entaillés de rainures créés par le passage répété de la ligne. Ces encoches caractéristiques pouvant atteindre jusqu’à une dizaine de centimètres de profondeur sont encore visibles sur certains vieux pointus. Celles-ci sont même un sujet de fierté pour leurs propriétaires qui montrent ainsi leur amour de cette technique traditionnelle. Certains utilisent d’ailleurs encore aujourd’hui ce type d’embarcation par habitude ou par nostalgie. Désormais, la pêche à la palangrotte est surtout pratiquée à la canne pour un aspect plus pratique et une plus grande efficacité.
Palangrotte à la canne
Petite mendole prise à la palangrotte à la dure rouge Normandie Appâts
Si vous débutez, l’équipement pour pratiquer cette pêche est assez simple. Afin de pouvoir détecter les touches parfois très fines des petits poissons de roche, une canne à buscle sera recommandée. La buscle est un scion généralement conçu en fibre de verre plein (un matériau aussi souple que résistant). Ce type de canne est généralement livré avec des buscles interchangeables de plusieurs puissances permettant de pouvoir utiliser différents poids afin de vous adapter à toutes les profondeurs. Ces scions disposent de bandes de couleurs afin de mieux repérer visuellement les touches sur le fond bleu de la mer sans trop se fatiguer les yeux.
Doublé de serrans pour Mathieu Courtin !
D’une puissance de 30 à 100 g environ, nous vous recommandons une canne d’une taille comprise entre 2,40 et 2,70 m qui vous permettra d’utiliser de longs bas de ligne au besoin. Une telle taille la rendra d’ailleurs polyvalente pour les pêches du bord (ex : pêche de la roche). Sachez que les spécialistes utilisent des cannes de 3 à 4,50 m et plus. Un moulinet mi-lourd de taille 3000 à 4000 suffira et sa légèreté vous permettra de pêcher pendant plusieurs heures sans fatigue. Il est possible de pêcher au nylon (25 à 30/100) dans de faibles fonds (moins de 10 à 20 m). De notre côté, nous vous recommandons l’usage d’une tresse fine (10 à 12/100) qui permettra de bien mieux ressentir les touches les plus infimes – surtout si vous pêchez dans des profondeurs importantes (20 à 50 m).
Les montages palangrotte
Montage palangrotte 3 empiles
Correspondant aux montages traditionnels utilisés depuis des générations, les montages que nous montre ici Mathieu Courtin sont volontairement très simples. Leur facilité de réalisation permet d’en faire rapidement de nombreux exemplaires – même quand on est débutant. Il sera ainsi possible d’en avoir plusieurs d’avance afin de changer rapidement de montage en cas d’emmêlements. Mathieu considère ces montages comme du « consommable » qui ne servira qu’a une seule sortie – voire quelques heures. Le montage palangrotte 3 empiles est dépourvu d’accessoires et doté d’empiles hautes qui restent bien au-dessus du fond. Il limitera donc au maximum les accrochages sur les substrats rocheux ou dans les algues. La connexion entre le bas de ligne et les empiles se base sur de simples nœuds de chirurgien. Les deux brins sont mis en parallèle puis on forme une boucle. Passez les deux brins trois fois dans la boucle puis serrez après avoir humecté afin d’éviter les échauffements. Un véritable jeu d’enfant !
Girelle prise à la dure avec le montage palangrotte
Cette connexion est aussi simple que robuste. Les brins sont dirigés vers le haut et, avec le poids de l’appât, les empiles restent donc bien perpendiculaires au bas de ligne – évitant ainsi les emmêlements. Leur taille réduite rigidifie également les empiles et limite les phénomènes de vrillages. Les poissons visés étant petits, les hameçons utilisés seront choisis en taille 10 à 12. Pour optimiser le ferrage, ce seront des modèles fins de fer ultra piquants.
Montage palangrotte 2 empiles + 1 traînard
Le montage palangrotte 2 empiles + 1 traînard sera réservé aux fonds « propres » ou les risques d’accrochages sont réduits. Le traînard reposant sur le substrat permettra de prendre des poissons plus méfiants tels que les sparidés (sars, daurades, pageots, etc.) ou encore de beaux labridés (labres verts, merle, crénilabres paons, etc.)
Les appâts
La palangrotte est une pêche productive et très agréable à pratiquer durant les beaux jours
Tous les vers Normandie appâts peuvent convenir pour la pêche des petits poissons de roche à la palangrotte. Ceux-ci seront découpés aux ciseaux en petits tronçons d’environ 1 à 2 cm pour correspondre à leur gueule étroite. Nous vous recommandons ces appâts couramment utilisés pour la pêche à la palangrotte :
Dures rouges Normandie Appâts
Ferme et d’une excellente tenue sur l’hameçon, la dure est un classique incontournable pour la pêche à la palangrotte. Pour une sortie pêche normale, prévoyez plusieurs boîtes par personne car ces petits poissons de roche sont voraces.
Rags Normandie Appâts
Le Rag est un ver assez grand (10 à 20 cm) et qui est très charnu. Découpé en petits morceaux, une boîte vous permettra donc d’avoir un très grand nombre d’eschées – le rendant ainsi très économique. Les sucs de ce ver sont très puissants et sachez qu’il a la réputation justifiée d’attirer les beaux poissons tels que les sparidés ou les beaux labres.
La technique : ultra simple !
Poisson lézard à ne pas confondre avec une vive !
Poisson lézard pris par Mathieu Courtin à la palangrotte
En pêche à la palangrotte, un ferrage réflexe dès que vous ressentez la « pitée » (touche) est recommandée. Dans le cas de petits poissons de roche vivant en bancs nombreux tels que les girelles, il sera possible de ferrer un premier poisson et d’attendre que d’autres mordent sur les autres empiles. Vous pourrez ainsi faire des doublés – voire même des triplés. C’est une pêche amusante où les prises sont nombreuses et très variées. Cette technique est accessible à tous âges et même un enfant prendra du poisson. Cette pêche à la palangrotte est idéale pour les débutants tant elle est simple.
Les poissons ciblés
Banc de sars en compagnie de girelles
Dans cette pêche, l’intérêt est la diversité d’espèces de ce qu’on nomme « poissons de roche ». Ainsi, il sera possible de pêcher des girelles, des « rocaous » (appellation générique typiquement méditerranéenne de nombreuses espèces de labres), des vieilles, des mendoles, des rougets barbets, des pataclets (ou sparaillons), des sars, des serrans, de petites « tanudes » (nom vernaculaire méditerranéen des dorades grises), etc. Sur des fonds rocheux, les espèces les plus représentées seront souvent les girelles, les sars et les serrans.
Les coloris d’une girelle royales sont magnifiques !
Beaucoup plus colorées, les girelles royales ou les labres (ex : crénilabres paons) ressemblant à des poissons d’aquarium seront un plaisir pour les yeux. Concernant les labres, sachez que vous en trouverez plus facilement à proximité d’herbiers (ex : posidonie). Il sera alors recommandé d’utiliser des hameçons un peu plus gros (taille 8 à 6) pour les cibler.
Serran pris à la palangrotte par Mathieu Courtin
Sur les substrats sableux ou mixte (sable et roches), vous pourrez toucher des rougets barbets, des pageots, des vives, etc. Au sujet des vives, sachez que leur chair très fine en fait un met de choix dans la soupe mais faites très attention à leur manipulation car elles possèdent des épines venimeuses (sur le dos et au niveau des ouies).
Magnifique girelle royale !
Dans un prochain article, nous vous parlerons de la pêche à soutenir telle qu’elle est pratiquée par les spécialistes et les compétiteurs. Cette technique est la version plus moderne de la pêche à la palangrotte.