La pêche de prédilection de Marc Puig est la pêche du bord en surfcasting et ce membre du team Normandie Appâts n’avait eu que rarement l’occasion de sortir en bateau. Dès lors, quand il lui a été proposé de faire une sortie avec le team Normandie Appâts Bateau, c’est avec joie qu’il a accepté l’invitation.

Alors que le bateau fait route sur le spot de pêche, le team se rend compte que le montage octopus donné à Marc a déjà pêché et pris de beaux poissons. Il lui est donc conseillé de le refaire le temps du trajet. Il serait trop dommage de perdre un beau poisson à cause d’un montage ayant vieilli et qui peut avoir des points de faiblesse. C’est d’ailleurs ce que devrait faire tous les pêcheurs ! En ayant pris un gros spécimen, le fil subit durant le combat une élongation qui le fragilise et qui fait que sa résistance initiale à la traction est affaiblie. Les contraintes du combat abîment aussi les nœuds. Enfin, l’exposition aux UV fait que le fil perd également de ses propriétés mécaniques. Débuter une cession avec un montage parfaitement neuf est donc vivement conseillé. Marc désassemble donc celui qui lui a été donné pour ne garder que les émerillons, les perles, les hameçons et les octopus.

Le montage que refait Marc a déjà fait ses preuves sur les beaux poissons. Il est réalisé avec du fluorocarbone de forts diamètres : 60/100 pour le bas de ligne et 50/100 pour les empiles. Ce n’est pas disproportionné dans les grands fonds car les courants y sont puissants et peuvent donc causer des emmêlements. De même, ces gros diamètres n’effraient pas les poissons dans de telles profondeurs.

Marc débute par la réalisation des empiles avec des brins de 70 cm de fluorocarbone 50/100 neuf. Une fois les nœuds réalisés, celle-ci feront environ 60 cm – taille qu’il pourra raccourcir facilement au besoin à 40 cm si les courants sont trop puissants dans les grandes profondeurs où il va pêcher. Il noue avec le plus grand soin les hameçons « chinu » à palette en taille 2/0 au bout de chaque empile. Le choix de l’utilisation d’hameçons à palette est lié au fait qu’ils sont bien plus adaptés à l’eschage de vers tels que les bibis – le transfert en remontant sur le fil lors d’un eschage à l’aiguille étant facilité. La taille 2/0 correspondra bien aux larges gueules des poissons visés

Une fois les nœuds d’hameçons réalisés, Marc enfile un petit octopus orange phosphorescent de 6 cm sur chaque empile. Afin de faciliter l’opération, une petite fente réalisée avec un couteau ou une paire de ciseaux permet le passage du fil. Il est possible d’intercaler une perle arrêtée par un nœud double 5 cm avant l’hameçon mais le montage devant être réalisé assez vite, Marc choisit de s’en passer. Les octopus étant ici petits, il y a peu de risques qu’ils recouvrent entièrement l’appât.

Le montage initial était conçu avec des nœuds de ligatures collés. Toujours pour une question de temps et le bateau étant en marche, Marc a choisi de bloquer les perles clipots sur le bas de ligne avec des nœuds doubles de chaque côté. C’est une bonne solution quand on refait un montage sur un bateau – surtout lorsque celui-ci fait route. Les collages et autres opérations délicates une fois à bord.

Marc passe les empiles dans les perles clipots puis les bloque encore ici avec un nœud double. Il se passera également des micro perles qui seraient trop délicates à poser avec le bateau en marche. Il le fait en sachant déjà à l’avance qu’il lui faudra changer l’empile au moindre signe de vrillage.

Marc rajoute en haut du montage le rolling et place l’attache rapide du plomb en bas. Le montage n’a pris que quelques minutes pour être réalisé malgré les vibrations du bateau faisant route. C’est une version simplifiée du montage initial mais il est fonctionnel et prêt à pêcher – et c’est bien là l’essentiel !

Une fois arrivé sur poste, le bateau est ancré le plus précisément possible. Comme souvent sur des zones propices, la différence peut se jouer à moins d’une dizaine de mètres près.

Les appâts sont préparés et eschés sur les hameçons. Les lanières de calamar sont découpées en feuilles puis piquées à deux reprises afin de créer une petite vague. Sous la pression du courant, elles onduleront et émettront des vibrations très attractives.

Le Bibi est un ver ultra résistant qui convient particulièrement bien à ces pêches très profondes (plus de 100 m). En effet, sa peau robuste résiste aux agressions des petits poissons parasites et il permet d’attendre l’arrivée de beaux sparidés à la mâchoire puissante tels que les pagres. Présentant une forte section et étant particulièrement charnu, il représente également une belle bouchée pour sélectionner les plus beaux poissons.

Tout l’équipage commence à pêcher en espérant que le bateau est bien positionné. La question ne se posera pas longtemps puisque Marc enregistre déjà des touches. Il ferre et encaisse aussitôt un beau rush qui bande sa canne. Comme à leur habitude, tous les membres du team observent avec attention la courbure de la canne pour déterminer l’espèce du poisson.

Les coups de têtes dans le scion sont particulièrement lourds et tous les participants annoncent d’un commun accord à Marc qu’il doit s’agir d’un pagre. Pêchant habituellement du bord, Marc n’a pas l’habitude de ce type de sparidé et prend donc tout son temps avec un frein réglé assez doux. C’est aussi pour lui l’occasion de profiter du combat avec ce beau poisson et il ne cessera de sourire jusqu’à sa remontée au bateau !

L’équipage avait raison : c’est bien un pagre. Et il s’agit même d’un magnifique spécimen de plusieurs kilos. Marc affiche un large sourire jusqu’aux oreilles. Son premier beau pagre ! Le photographe à bord réalise de nombreux clichés souvenirs. À aucun moment il n’aura besoin de faire dire « cheese » au jeune pêcheur tant sa joie est visible !

Marc esche à nouveau son montage octopus et lui fait aussitôt rejoindre le fond. Il faudra compter environ une heure d’attente pour qu’il enregistre à nouveau des touches. Après le ferrage, le scion montre à nouveau de forts coups de tête de son adversaire. Avec l’expérience du premier combat, c’est cette fois-ci lui qui annonce l’espèce :

- « Ca ressemble à un pagre ! »

Après la longue remontée par plus de 100 m de profondeur, le poisson est épuisetté. Et c’est effectivement un pagre. Il est moins gros que le premier mais Marc sourira tout autant devant le photographe ! Cette prise rassure tout l’équipage à bord concernant le bon placement du bateau et la journée s’annonce de bon augure !

Alors que Marc a relancé son montage depuis moins d’une trentaine de minutes, il est encore en combat avec un beau sparidé. Décidément, il semble que les poissons ne veuillent mordre que sur sa ligne car les 4 autres pêcheurs n’ont pour l’instant touché aucun poisson noble à part un petit chapon !

Comme pour toutes les belles prises, le pagre est monté à bord grâce à une épuisette. Soulever un gros poisson par le bas de ligne pour le faire passer au-dessus du plat bord est une pratique de débutant. Agir ainsi ne peut que causer casses de la ligne et décrochages intempestifs. Avec d’aussi beaux prédateurs, une épuisette n’est pas conseillée : elle s’avère indispensable !

Alors que Marc pose avec sa quatrième prise, les discussions vont bon train sur le bateau sur une telle réussite. 5 pêcheurs sont à bord avec les mêmes appâts et il est la seule personne à avoir fait du pagre pour le moment ! Certains parlent de la « chance du débutant » car c’est la première fois qu’il pêche spécifiquement cette espèce en bateau. D’autres évoquent le fait que curieusement, il y a toujours un pêcheur qui fait clairement une meilleure pêche que les autres – un fait qu’on constate souvent ! Mais la plupart des pêcheurs conviennent que son montage avec octopus en est certainement la raison. Est-ce lié à leur couleur spécifique (phospho orange) ou bien à leur petite taille de 6 cm ? Quoi qu’il en soit, les pagres devaient être focalisés sur ces teasers ce jour-là !

Encore ici, la différence de résultats en pêche tient à peu de choses et les facteurs sont si changeants d’un jour à l’autre qu’il est bien difficile de concevoir des théories immuables dans le temps. En pêche, ce qui marche un jour ne fonctionne pas nécessairement le lendemain. Une chose est néanmoins certaine : ce jour-là, les petits octopus phospho ont clairement fait la différence ! Et de façon générale, ce type de leurre placé en teaser apporte généralement de bons résultats sur les prédateurs. Disposés devant les appâts, les octopus attirent les poissons sur de grandes distances grâce aux effets de volume de leur jupe et par les vibrations qu’ils produisent dans les courants. Ils augmentent également le volume de la bouchée et sélectionnent donc les gros poissons. C’est assez logique. En pêches profondes, les octopus seront toujours d’excellents teasers pour vos pêches à l’appât puisqu’ils imitent un petit calamar – une proie de prédilection pour tous les carnassiers dans ces grandes profondeurs où d’autres proies sont plus rares.