Le retour des « royales »

Publié le vendredi 19 mars 2021 par Stéphane Charles
  • Technique de pêche

 

Cette daurade prise par Mathieu mi-mars annonce le retour de ces sparidés !

 

Ayant passé tout l’hiver dans des fonds importants (jusqu’à 150 m) où les températures sont plus stables, les daurades royales reviennent par vagues successives à la côte dès les premiers beaux jours. Le membre du team Normandie Appâts Mathieu Courtin ayant un restaurant à Aix en Provence, la crise sanitaire du Covid l’a empêché de travailler durant tout l’hiver. Le restaurateur a donc attendu avec une grande impatience l’occasion de pouvoir à nouveau pêcher la daurade royale en surfcasting. Il a profité de ce chômage forcé pour réviser son matériel et refaire ses montages. Mais le champion a trouvé le temps long – et il l’est d’autant plus en hiver quand on est un passionné de pêche tel que lui ! Ce mois de mars ayant été très clément cette année avec de belles journées ensoleillées, les eaux se sont bien réchauffées. Et dès que ses contacts l’ont informé du « retour des royales », il est aussitôt allé le vérifier lui-même sur le terrain !

 

Montage daurades royales en surfcasting 2 de Mathieu Courtin

 

Comme souvent, le double champion de France de surfcasting utilise un montage très particulier. En effet, celui-ci paraîtra étonnant à plus d’un titre à tous ceux qui sont habitués à pêcher la daurade royale en surfcasting. Ainsi, même si le champion utilise un bas de ligne classique en nylon 50/100 d’une longueur d’1,8 m comme base de son montage, l’emplacement de son traînard est original. Ainsi, il le dispose assez haut sur son montage (environ 90 cm du plomb) alors que la plupart des pêcheurs le place beaucoup plus près du lest. Mathieu estime en effet que les daurades royales sentent plus tardivement l’inertie du plomb et qu’elles mordent donc mieux – ce qui optimise les chances de bien les piquer. Pour un maximum de discrétion face aux méfiantes daurades royales, Mathieu n’hésite pas à utiliser un long traînard de 2 à 2,5 m.

 

Les cannes sont en place sur le trépied dès l’aube !

 

L’autre originalité de son traînard est d’être constitué d’un fluorocarbone « hard » en 24/100. Alors que les pêcheurs utilisent généralement une empile souple, Mathieu préfère ce fil plus rigide car en étant plus directionnel, il reste plus écarté du plomb. Plus dense qu’un fluorocarbone classique, il coule plus vite et s’étale donc bien mieux sur le fond – optimisant ainsi la présentation de l’appât. Pour la pêche de la daurade royale, l’autre avantage de ce fluorocarbone de « haute densité » est d’être bien plus résistant à l’abrasion. C’est un réel atout face aux redoutables dents de ces sparidés et pour les combats en milieux rocheux !

 

La gaine silicone sera choisie en fonction de la taille du rolling triple

 

Pour la fixation du traînard, Mathieu utilise ici un rolling triple coincé entre les perles collées. L’intérêt est ici d’assurer une rotation optimale de l’empile. En utilisant des vers longs et charnus eschés à l’aiguille, le pêcheur a en effet remarqué que ceux-ci ont tendance à tourner sur eux-mêmes lorsqu’on ramène le montage. Ils ont ainsi tendance à faire vriller le traînard après quelques récupérations – ce qui entraîne automatiquement une mauvaise présentation de l’esche. Afin d’éviter d’avoir à constamment changer cette empile, le rolling triple est alors une excellente solution. Le petit morceau de gaine silicone (2 à 3 cm) inséré en force permettra de donner une certaine rigidité structurelle à l’ensemble. En écartant la base du traînard, il empêchera que celui-ci ne s’emmêle autour du bas de ligne et participera également à ce que l’empile s’étende parfaitement. Vérifiez que le diamètre de la gaine corresponde bien à la taille du rolling triple. De même, Mathieu vous recommande vivement de n’insérer ce bout de tube que jusqu’au premier tiers de l’émerillon afin d’éviter d’entraver sa rotation axiale.

 

L’hameçon rond de type « chinu » est parfait pour la pêche de la daurade royale !

 

Comme la plupart des pêcheurs, Mathieu utilise pour la daurade royale un hameçon rond de type « chinu » à hampe courte dont la forme correspond parfaitement à la gueule de ce sparidé. Il privilégie les modèles forts de fer car la mâchoire d’une daurade royale est particulièrement puissante. Il choisit également des hameçons ayant un excellent piquant pour pouvoir percer la gueule pavée de ce sparidé. Mathieu vous recommande un modèle à palette qui conviendra mieux à l’eschage de vers.

 

Conseil Mathieu Courtin :

 

Avec sa grande expérience terrain, Mathieu a remarqué qu’une petite perle rouge place devant l’appât était très efficace sur les daurades actives. Ainsi, ce teaser couramment utilisé pour la pêche des poissons plats attire également ces sparidés quand ils sont en quête alimentaire. On sait que les daurades royales sont naturellement curieuses et peut-être que cet accessoire leur rappelle un œuf de poisson ? De quoi constituer un bon apport de protéines pour ces sparidés affamés à la sortie de l’hiver. La dizaine de daurades pris ce jour-là par Mathieu prouve en tout cas l’efficacité de ce teaser !

 

Mathieu avec ses premières daurades de l’année !

 

Mathieu sait que comme durant l’automne, le début de saison est propice à la prise de belles daurades royales du bord. En effet, les poissons ont perdu beaucoup de poids lors de leur fraie et à cause des rigueurs de l’hiver. Ces sparidés ont donc besoin de beaucoup nourriture lors de leur retour à la côte. Et confrontés à la recherche impérieuse d’un maximum de calories, même les sujets les plus âgés (et donc les plus gros !) abandonnent toute méfiance face à un appât bien présenté. Souhaitant cibler ces beaux poissons, Mathieu n’a donc pas hésité à leur proposer de gros Américains XL Normandie Appâts.

 

 

Américains XL Normandie Appâts

 

Vers Américains XL Normandie Appâts

 

Très sanguins, ces vers offrent l’avantage d’attirer sur de grandes distances les beaux sparidés rendus un peu moins actifs par les eaux encore assez fraîches de ce début de saison. Leurs sucs très puissants attirent les poissons de loin. Représentant de belles bouchées, les Américains XL résisteront également plus longtemps aux assauts des petits poissons indésirables.

 

Avec l’air encore frais, Mathieu a enfilé son bonnet en laine fétiche !

 

Mathieu est arrivé pour cette session matinale. Même si le soleil resplendit, le fond de l’air reste frais ces premiers jours de mars. Le vent latéral froid qui souffle en continue font baisser les températures ressenties et la première heure d’attente est difficile. En plus de sa veste polaire Napa, Mathieu a donc enfilé son bonnet en laine fétiche – et ce n’est pas un luxe pour les longues heures d’attente à venir ! Alors que Mathieu cible les gros poissons de retour de fraie, il est étonné de prendre d’emblée des daurades de petites tailles. Ces juvéniles sont nommés blanquette en raison de leurs flancs gris argentés presque blancs - les reflets cuivrés et la barrette dorée au-dessus des yeux n’apparaissant clairement qu’à l’âge adulte. Durant sa session Mathieu en touchera 8. Il a aussitôt relâché ces jeunes daurades dans les meilleures conditions possibles afin qu’elles continuent à grandir et qu’elles fassent le bonheur d’autres pêcheurs.

 

Une daurade juvénile (ou « blanquette ») doit être relâchée avec soin pour avoir un maximum de chances de survie

 

Réglementation :

Selon l’arrêté du 29 janvier 2013, la taille minimale de capture de la daurade royale est de 23 cm en Mer du nord, Manche, Atlantique et Méditerranée. De même, selon l’arrêté du 17 mai 2011, chaque prise devra « faire l’objet d’un marquage » Ce marquage consiste en l’ablation de la partie inférieure de la nageoire caudale. » Retrouvez également toutes les informations disponibles sur les tailles minimales dans le cadre de la pêche maritime de loisir dans ce document officiel :
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000027093867&dateTexte=&categorieLien=id

 

Un écureuil permet de repérer les « touches à revenir »

 

Comme d’habitude pour ces sparidés méfiants, Mathieu utilise un écureuil. Cet accessoire est un petit lest doté d’un crochet qu’on fixe entre les deux premiers anneaux de la canne. L’avantage est double. Lors d’une touche, la daurade ne sent pas la résistance qu’opposerait le scion d’une canne et elle a donc tendance à mieux prendre l’appât. Son second atout – et certainement le plus important – est de montrer les touches dites « à revenir ». Il descend en effet lorsque le poisson revient vers le pêcheur – ce qui n’est pas visible sur le scion. Les possibilités que la prise file vers le large ou qu’elle revienne vers le pêcheur étant équivalentes, les chances de repérer les touches sont donc doublées.

 

Daurade royale prise par Mathieu Courtin à l’Américain XL Normandie Appâts !

 

Comme souvent en début de saison, les touches occasionnées par les daurades royales sont franches. Amaigries par l’hiver, elles sont affamées et donc bien moins tatillonnes qu’en plein été. Au cours de cette matinée, les prises se sont enchaînées avec régularité mais la plupart des poissons étaient de petites tailles. Il insistera jusqu’à 14.00 h en espérant une daurade record –ce type de spécimen que Mathieu surnomme affectueusement « pastèque » en référence à l’aspect large et dodu de ce fruit. Mais malgré sa patience et une dizaine de poissons touchés, Mathieu n’en gardera que deux de tailles convenables.

 

Prendre la première belle daurade de l’année est un moment que tous les pêcheurs attendent avec impatience !

 

Avec son expérience, le pêcheur sait que les premières sorties de l’année sont surtout une reprise de contact avec la pêche afin de retrouver ses marques. C’est l’équivalent pour les sportifs d’un entraînement de remise en forme. C’est l’occasion de retrouver les bons reflexes, de juger des bons appâts qui fonctionnent en ce début d’année ou encore de trouver les bons spots. Mathieu a également bien conscience que la longue attente de l’hiver fait que l’espoir de toucher un poisson trophée est d’autant plus grand. Philosophe, le pêcheur est donc satisfait de cette sortie même s’il n’a pu sortir « une pastèque ». La session a été régulièrement ponctuée de belles touches et il a pu prendre ses premières daurades de l’année – signalant ainsi ce qu’il a attendu pendant si longtemps ce long hiver : le « retour des royales » !