Le chapon record de Nicolas

Publié le vendredi 8 avril 2022 par Stéphane Charles
  • Technique de pêche

 

Ce chapon de 2,8 kg est plus lourd que le record de France !

 

Ayant constaté que les beaux chapons étaient bien présents sur leurs spots cet hiver, les membres du team Normandie Appâts sont donc retournés les pêcher en grandes profondeurs. Ils ont en effet remarqué lors de leur dernière sortie en janvier 2022 que ces spécimens étaient proportionnellement plus gros durant la saison froide et qu’ils étaient également plus nombreux. Bénéficiant d’une journée présentant des conditions météorologiques favorables (ce qui est rare en février !), ils en ont donc profité pour essayer de pêcher à nouveau de gros chapons.

 

Montage collé avec circle hooks et octopus

 

Ici encore, Nicolas utilise le montage collé avec circle hooks et octopus conçu spécifiquement par Daniel pour ces pêches en grandes profondeurs. Ainsi, les perles collées servant à maintenir les empiles permettent de bénéficier de 100 % de la résistance linéaire effective des fils utilisés. Les circle hooks offrent l’avantage d’être auto-ferrant et les octopus en teaser augmentent l’attractivité de l’appât. De nombreux avantages qui font de ce montage un des plus aboutis pour les pêches profondes de beaux spécimens ! Il a ainsi permis au team Normandie Appâts de prendre de très gros poissons tels que des pagres, de beaux chapons, des merlus, des Saint-Pierre, etc.

 

Perles tubes en verre

 

Ce montage possède une empile haute et un traînard assez courts dans de forts diamètres afin d’éviter les problèmes de vrillages liés aux pêches profondes et pour pouvoir affronter de beaux poissons (ex : gros pagres). La grande caractéristique de ce montage est que ces empiles sont bloquées avec des perles tubes en verre collées. Il est d’ailleurs recommandé de privilégier des perles tubes à des perles rondes car elles offrent une plus grande surface de contact avec le fil – et donc plus de résistance. De même, il sera conseillé d’utiliser du nylon car les perles tiennent beaucoup moins bien sur du fluorocarbone –ce dernier étant étanche. Avec du nylon s’imbibant de colle, les perles sont comme soudées et vous bénéficiez de 100 % de la résistance du fil utilisé.

 

Octopus en teaser bloqué par une perle

 

Les empiles disposent d’un octopus en teaser avant le circle hook – ce qui augmente de façon considérable l’attractivité du montage. En bougeant dans le courant, ses fins tentacules vibrent et attirent les poissons vers l’appât sur de grandes distances. L’octopus est bloqué quelques centimètres avant l’hameçon avec une perle stoppée par un nœud de ligature. La perle de fort diamètre intercalée avant le nœud sert de butée pour retenir efficacement l’octopus tout en limitant les risques que la tête ne se déchire sous la pression du courant. Ce système évite que le leurre souple recouvre l’appât avec la pression du courant et qu’il se place dans la courbure de l’hameçon – réduisant ainsi l’efficacité de l’auto-ferrage du circle hook.

 

 

Il existe peu de perles clipots sur le marché dont les cavités peuvent accepter des lignes de forts diamètres comme celles utilisées pour ces pêches profondes (60/100 et plus). De façon astucieuse, la perle clipot utilisée pour ces montages collés est en fait une grosse perle phosphorescente ovale qui a été trouée transversalement à la perceuse avec une mèche d’1 mm. Il est ainsi possible d’y placer l’empile de 55 à 60 / 100 qui sera bloquée par un simple nœud double. Une micro-perle intercalée avant ce nœud de butée optimisera la rotation de l’empile. Ce canal est alors suffisamment gros pour que les empiles de 55 à 60 / 100 tournent librement sur leur axe – ce qui limite les phénomènes de vrillage dans les puissants courants rencontrés en grandes profondeurs.

 

 

Les appâts : de belles bouchées robustes et sapides !

 

Bibi et lanière de calamars eschés à l’hameçon

 

Les gros chapons ont tendance à ne pas se déplacer pour rien. En effet, leur appétit est aussi impressionnant que leur énorme gueule ! Il est donc recommandé d’utiliser de beaux appâts représentant de grosses bouchées. Ils permettront également d’éviter les nombreux petits poissons parasites et d’attendre assez longtemps l’attaque d’un beau spécimen tel qu’un gros chapon.

 

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Bibis Gros Normandie Appâts
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Le gros Bibi offre l’avantage de représenter une belle bouchée correspondant bien à la large gueule du chapon. Il est très robuste et sa peau épaisse décourage les petits poissons indésirables. Il sera recommandé de l’escher à l’aiguille afin qu’il ne perde pas ses sucs et qu’il conserve sa taille originale pour une présentation optimisée...

 

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Rags Normandie Appâts
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Ce ver très charnu peut mesurer jusqu’à 20 cm. Dans les plus grandes tailles, il constitue donc un gros appât adapté à cette espèce gloutonne possédant une bouche immense. Bien esché à l’aiguille pour que la tête se trouve au niveau de la pointe, le Rag offre une grande résistance sur l’hameçon. Il est très sapide et ses effluves attractifs attirent les poissons sur de grandes distances.

 

Lanières et tentacules de calamars découpés aux ciseaux par Nicolas du team Normandie Appâts

 

Des lanières ou des tentacules de céphalopodes sont également d’excellents appâts pour les pêches en grandes profondeurs. Un calamar frais coupé aux ciseaux fournit ainsi de nombreuses eschées.

 

Un combat lourd. Nicolas espère qu’il s’agit d’un beau chapon !

 

Bien qu’on ne puisse prévoir à l’avance quel poisson va mordre, les précédentes prises de gros chapons font que Nicolas rêve de reprendre un spécimen de cette espèce. Il sait que l’octopus de 12 cm associé à de beaux appâts constitue une bouchée conséquente– ce qui a tendance à sélectionner les gros chapons. Le team Normandie Appâts multiplie les dérives mais la pêche est moins productive que les fois précédentes. Quelques traditionnels sébastes sont pris mais les touches sont peu nombreuses. La taille très imposante de ces sébastes d’hiver encourage néanmoins les pêcheurs à espérer la prise d’un gros prédateur. Alors que les pêcheurs échangent leurs doutes lors d’une nouvelle dérive, Nicolas enregistre une grosse touche et ferre. C’est pendu et…c’est du lourd !

 

Les espoirs de Nicolas sont récompensés : il s’agit en effet d’un très gros chapon !

 

Les très gros chapons pouvant être très combattifs au début du combat, le pêcheur et ses compagnons ne peuvent savoir d’emblée le type de prise. Mais alors que le poisson est remonté d’autorité par Nicolas, les coups de tête et les rushs se font plus sporadiques. Il s’agit d’une espèce benthique supportant mal la décompression. Après l’attente interminable due à la longue remontée d’aussi grandes profondeurs, tous les espoirs de Nicolas sont finalement récompensés : il s’agit en effet d’un chapon. Et c’est un spécimen énorme ! Le pêcheur est aux anges !

 

Scorpaena Scrofa - Gravure extraite de l'histoire naturelle des poissons (allgemeine Naturgeschichte der fische) de Marcus Élieser Bloch – 1784 – Biodiversity Heritage Library (ndlr : reproduction de cette gravure libre de droit car publiée il y a plus de 70 ans).

 

Connaissance du chapon

 

Nom scientifique : Scorpaena Scrofa
Famille : Scorpaenidae (scorpénidé)
Noms communs : rascasse rouge, grande rascasse rouge, crapaud de mer, scorpène (ou scorpèno), capoun (Provence, Languedoc), escorpe (Roussillon), cappone (Corse), etc.

Le chapon est un prédateur benthique chassant sur le fond (benthos : fond). Il mesure en moyenne 25 à 40 cm mais il peut dépasser les 60 cm pour un poids pouvant dépasser les 3 kg. Ce poisson est court et trapu avec une tête disproportionnée au regard de son corps et une gueule très large. Le corps présente des lambeaux cutanés, - particulièrement sous la mâchoire. Ceux-ci estompent sa silhouette dans la végétation et agissent comme un camouflage lui permettant de se fondre dans les milieux rocheux où il attend en embuscade une proie de passage. La coloration d’un chapon peut être orange, bordeaux, rose ou même jaune mais les teintes tirent surtout vers des dominantes rouges - les algues ou les coraux étant souvent de cette couleur.

 

Nicolas avec son chapon record pris en grandes profondeurs !

 

Nous vérifions le poids de ce chapon grâce à un peson digital ultra précis. Chacun donne auparavant sa propre évaluation. 2 kg pour Nicolas. Le photographe mise sur 2,5 kg. La mer est calme et le bateau qui avance lentement stabilise parfaitement la pesée. Les pêcheurs constatent alors que le chiffre qui apparaît ne varie que de quelques dizaines de grammes à peine. Une astuce qu’ils utiliseront à l’avenir ! Ils recommencent à plusieurs reprises et le poids reste stable : à l’étonnement de tous, le chapon fait 2,8 kg ! Ce poisson pourtant assez court (55 cm) est en effet très trapu et d’une largeur peu commune. Sachant que le record de France FFPS est de 2,54 kg (M. Jean Louis Latxague à St-Jean-de-Luz), ce poisson le dépasse de 260 g et pourrait donc être homologué !

 

Réglementation :

Selon l’arrêté du 29 janvier 2013, la taille minimale de capture du chapon est de 30 cm. Toute prise de taille inférieure devra être relâchée dans les meilleures conditions possibles.  
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGIARTI000041553508/2020-02-10/

De même, selon l’arrêté du 30 décembre 2021 modifiant l’arrêté du 17 mai 2011, chaque prise devra « faire l’objet d’un marquage » Ce marquage consiste en l’ablation de la partie inférieure de la nageoire caudale. »
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000044807107?fbclid=IwAR1ntbi3fknwMKZfWzElNBRgKAOxbUcOKBWts0TV6FBnu6vxWptIiVaYYyU

 

Ce chapon de 2,8 kg dépasse le record de France de 250 g

 

Les discussions vont bon train alors que les pêcheurs naviguent vers le port. Beaucoup d’autres chapons dans ces ordres de poids ont été pris par le team Normandie Appâts ces dernières années. Ils ont même pêché un grand nombre de chapons dépassant les 2 kg lors de leurs dernières sorties en plein mois de décembre, janvier et de février 2022 – montrant bien que l’hiver est une saison propice à la prise de beaux spécimens. Sachant que le record du monde IGFA all Tackle est de 2,96 kg (M. Stuart Brown-Giraldi à Gibraltar le 30 mai 1996), les chances de pouvoir dépasser la limite symbolique des 3 kg sur leurs spots sont bien réelles. Ce nouvel objectif est donc tout à fait réaliste ! Un espoir dont les membres du team Normandie Appâts ont parlé avec enthousiasme durant tout le trajet de retour. Il en va des records comme dans la vie : c’est en se donnant des objectifs et en tentant de les réaliser qu’on progresse.