Daurades royales d’hiver avec Marc Puig
- Technique de pêche
Marc avec deux belles daurades royales prises en décembre 2020 au bibi ligaturé
Fin décembre, Marc a profité d’une magnifique journée ensoleillée pour aller rechercher la daurade royale – un des poissons qu’il préfère pêcher. Malgré l’hiver, le soleil resplendit et l’air est très doux. Ce sont d’excellentes conditions pour la traque de ce sparidé car les températures plus douces peuvent l’inciter à venir s’alimenter un peu plus près du bord. Mais alors que Marc installe son matériel, il réalise que sans le moindre vent, la mer est lisse comme un lac et que les eaux sont très claires. Associé au fort ensoleillement, la visibilité de l’eau est impressionnante. En s’avançant dans l’eau sur cette plage offrant une très faible déclivité, il constate qu’il peut voir les fonds à plus de 30 m ! Cette eau cristalline n’est pas un avantage pour pêcher la daurade royale qui est connue pour sa méfiance proverbiale.
Montage traînard light au circle hook de Marc Puig
Habitué aux compétitions et aux changements de stratégie afin de s’adapter aux conditions, Marc décide d’agir en conséquence. Son montage fétiche étant ultra polyvalent, il retire l’empile initialement en fluorocarbone 23/100 et décide d’en réaliser un en…16/100 à peine. Il est bien conscient qu’un tel diamètre ne lui laisse aucune marge d’erreur face à un beau spécimen mais avec un frein bien réglé et sur cette plage de sable sans obstacle, il sait qu’il est possible de prendre ainsi de beaux poissons. Pour gagner encore plus en discrétion, il décide d’allonger son empile au maximum en prenant 2 brassées de fil. Une fois le nœud de raccord au rolling et celui pour l’hameçon réalisé, il obtient ainsi un traînard de plus de 3 m.
L’hameçon circle hook est idéal pour éviter les coupes causées par les dents de daurades !
Marc sait que même si le fluorocarbone est naturellement résistant à l’abrasion, la terrible dentition des daurades royales peut couper net du 16/100 au moindre contact. Il décide alors d’utiliser un circle hook plutôt que son traditionnel « chinu » doré. En effet, l’avantage de ce type d’hameçon est de se planter quasi systématiquement au niveau de la commissure des lèvres – éloignant ainsi le fil des dents coupantes de ce sparidé. Avec sa forme ronde, le circle glisse sur les tissus mous de la gorge et vient se piquer dans les lèvres plus dures et épaisses. Cet hameçon est d’ailleurs auto-ferrant – c'est-à-dire que c’est le poisson lui-même qui se plante la pointe lorsqu’il part avec l’appât – ce qui est un avantage supplémentaire. Mais face aux eaux cristallines et la nécessité d’utiliser un traînard ultra fin, c’est surtout pour éviter les casses qu’il utilise ce circle. En effet, les poissons sont moins présents en hiver et il serait dommage de casser sur une prise !
Pour atteindre des distances de lancer maximales, le corps de ligne du moulinet de Marc est en…16/100 !
Sur ces plages très plates qu’il connaît bien, Marc sait qu’il est nécessaire de lancer aussi loin que possible afin de trouver une profondeur suffisante pour accueillir de beaux poissons. Ayant de nombreuses bobines disposant de différents diamètres afin d’affronter toutes les conditions, le pêcheur a opté ici pour un corps de ligne en 16/100. Un nylon aussi fin lui permet en effet de gagner considérablement en distance de lancer. Pour certains poissons tels que le marbré, il peut même descendre à du 14/100 ! Avec de tels diamètres, une grande expérience et une parfaite connaissance de son matériel sont alors nécessaires. Et même avec un frein ultra progressif et un pêcheur bien entraîné, les risques de casses sont alors toujours présents. Ce qu’on gagne en distance, on le perd en sécurité lors du combat. Encore ici, une stratégie de pêche est toujours un choix – et à chaque avantage gagné correspond son lot d’inconvénients !
Bibis Normandie Appâts
Acheter sur appats.shop
Pour pouvoir pêcher la daurade royale à très grandes distances, Marc fait ici à nouveau confiance à un de ses appâts préférés : le bibi ligaturé « à l’espagnole ». En effet, cet eschage particulier du bibi est ultra résistant et lui permet d’appuyer ses lancers au maximum pour pouvoir propulser son montage le plus loin possible. L’aérodynamisme de ce petit boudin de bibi contribue également à gagner en distance. Il a enfin l’assurance que la présentation de son appât sera parfaite malgré la puissance du lancer.
Le bibi est ligaturé sur une aiguille
Marc utilise ainsi une lamelle de gros bibi qu’il ligature à l’élastique fin sur une aiguille à escher afin d’obtenir un petit cylindre. Ce petit boudin de bibi pourra être transféré de l’aiguille à l’hameçon comme on le fait avec un ver.
Dans ce tutoriel très détaillé retrouvez Marc Puig (membre du team Normandie Appâts) qui vous explique comment escher un bibi à l’espagnole :
http://www.normandie-appats.com/news/escher-un-bibi-a-l-espagnole
Arraché conique transparent de 15 m (ex : Nylon Protector 5X15 Asso)
Marc utilise un arraché conique. L’avantage de cette partie également nommée « queue de rat » est que la tête de ligne en 57/100 résiste aux pressions considérables d’un lancer très appuyé avec un plomb lourd. Sans nœud de raccord et sans rolling comme on en trouve avec un montage classique, le pêcheur peut également rentrer beaucoup plus son bas de ligne dans les anneaux. Ayant moins de bannière à l’extérieur de la canne lors du lancer, il peut donc armer beaucoup plus loin en arrière. Il a ainsi une plus grande amplitude de mouvement et lance plus loin. L’avantage de l’arraché conique est de progressivement diminuer de diamètre sans aucun nœud jusqu’à atteindre 20/100 au bout de 15 m. Résultat : le nœud de raccord avec le corps de ligne du moulinet en 16/100 est très petit et passe facilement sans heurt important dans les anneaux. Les distances de lancer sont encore ici optimisées car un nœud trop imposant freinerait le déroulement du fil. Toujours dans le but de conserver un maximum de discrétion face aux méfiantes daurades royales, Marc utilise ici un arraché transparent.
Marc en plein lancer longues distances !
Grâce à son montage réalisé directement sur son arraché conique, Marc peut effectuer un lancer aussi puissant qu’il le souhaite sans risque de casse. Pour ces eaux translucides et la très faible déclivité de la plage, Marc a ici cherché les distances maximales. Ayant une totale confiance dans l’arraché et la tenue de son bibi ligaturé, il a donc lancé aussi loin qu’il le pouvait.
Les cannes de Marc sont positionnées légèrement en arrière et parfaitement parallèles
Ici encore, Marc a positionné ses cannes sur ses piquets légèrement en arrière et parfaitement parallèles. Cette astuce très utilisée par les pêcheurs espagnols lui permet de mieux visualiser la moindre indication sur les scions. C’est important quand on pêche la daurade royale à grandes distances car ce sparidé méfiant peut causer des touches très discrètes. Les cannes sous tension permettent même de repérer les touches à revenir si fréquentes avec ce type de sparidé.
Joli daurade d’hiver prise en 16/100 avec un bibi ligaturé par Marc
Marc a commencé à pêcher à 12.30 h car il estime qu’en plein mois de décembre, les eaux peu profondes qui se sont réchauffées avec le soleil seront plus favorables à une activité alimentaire des daurades. Mais malgré sa stratégie très logique, le pêcheur n’enregistre aucune touche pendant plusieurs heures. Les daurades royales qui s’alimentent beaucoup moins fréquemment durant la saison froide se méritent en hiver ! Ce n’est ainsi que vers 17.00 h – alors que le soleil commence à baisser sur l’horizon - que Marc voit l’un de ses scions plier brusquement.
Grâce au circle hook, le poisson s’est ferré tout seul et l’hameçon est planté au niveau des lèvres – évitant ainsi la coupe du traînard.
Il rentre en contact avec le poisson et entame le combat car il sait qu’avec le circle hook, le poisson s’est ferré tout seul. Marc prend tout son temps afin d’éviter toute casse avec son traînard et son corps de ligne en 16/100. Au reflux d’une vague, le pêcheur échoue une jolie daurade royale. Ce spécimen n’est pas énorme mais ce poisson estimé entre 800 g et 1 kg est déjà une belle prise ! Comme il l’avait prévu, l’hameçon s’est planté à la commissure des lèvres – ce qui a évité que le fil du traînard ne soit coupé par les dents tranchantes de la daurade. En sachant bien que la période d’activité alimentaire des daurades est courte en hiver, Marc s’empresse d’escher à l’aiguille un nouveau bibi ligaturé déjà prêt et de relancer. Il fait bien car moins de 30 mn plus tard, le pêcheur enregistre un nouveau départ.
Ces daurades royales prises au bibi ligaturé par Marc font entre 800 g et 1 kg
Il est environ 17.40 h et le crépuscule commence à s’installer. À nouveau, Marc combat patiemment son poisson pour éviter toute casse. Les risques de décrochage avec le circle hook sont réduits mais il conserve néanmoins une tension constante qui au bout de quelques rushs finit par fatiguer le poisson. Une fois la daurade échouée sur le sable, Marc constate qu’elle fait à peu près la même taille que la précédente. Contre toutes les attentes du pêcheur, les daurades royales ont mangé juste au coucher du soleil ce jour-là. Comme quoi la logique ne fait pas tout quand on est sur le terrain ! C’est d’ailleurs un des charmes de la pêche que de toujours nous surprendre et de nous permettre d’apprendre à chaque sortie.
Réglementation :
Selon l’arrêté du 29 janvier 2013, la taille minimale de capture de la daurade royale est de 23 cm en Mer du nord, Manche, Atlantique et Méditerranée. De même, selon l’arrêté du 17 mai 2011, chaque prise devra « faire l’objet d’un marquage » Ce marquage consiste en l’ablation de la partie inférieure de la nageoire caudale. » Retrouvez également toutes les informations disponibles sur les tailles minimales dans le cadre de la pêche maritime de loisir dans ce document officiel :
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000027093867&dateTexte=&categorieLien=id
Ce jour de décembre, les daurades ont décidé de mordre au crépuscule !