La pêche à la calée est une des techniques de prédilection de Walter Sarret car elle lui permet souvent de faire de très belles pêches de daurades royales. Comme il le fait souvent, il a décidé la veille la sortie du lendemain en fonction des conditions annoncées.

Pour cette session pêche à la calée, Walter a privilégié les crabes roses et les crabes blancs de la taille d’une pièce de 2 euros. Par rapport au vert surnommé « enragé », ces crabes ont la particularité de posséder une carapace plus fine – ce qui les rend plus facile à croquer pour une daurade royale. Quand ces sparidés sont difficiles, les crabes roses ou blancs peuvent ainsi faire la différence. Cette petite bouchée facile à mâcher est en effet une véritable friandise pour les daurades royales et elle est capable de faire succomber les spécimens les plus méfiants. Walter sait néanmoins que ces crabes sont moins sélectifs que le vert car ces derniers étant plus fragiles, ils peuvent être croqués par des daurades de quelques centaines de grammes. Encore ici et comme souvent en pêche, le pêcheur sait que chaque choix de stratégie présente des avantages et des inconvénients - mais qu’il doit s’y tenir.

Comme à son habitude lorsqu’il pêche avec du crabe à la calée, Walter utilise ici son montage coulissant avec bas de ligne wishbone qui a toute sa confiance. Celui-ci lui a permis à de nombreuses reprises de sortir de très belles daurades royales. Ce montage est aussi simple qu’efficace. Le corps de ligne dans son moulinet est du 30/100 car le pêcheur sait que les poissons se trouvent très près des rives lorsqu’on pêche de digues rocheuses ou d’ouvrages portuaires. Il n’est donc pas nécessaire de lancer très loin sur ce type de poste.

Le secret de l’efficacité de ce montage est d’être parfaitement coulissant. C’est un réel avantage car il permet de n’opposer aucune résistance quand ce méfiant sparidé goûte l’appât. En effet, la daurade royale possédant une grande sensibilité au niveau des lèvres et ayant l’habitude de se saisir de l’appât puis de le recracher à plusieurs reprises avant de l’avaler, la moindre tension dans le bas de ligne peut l’alerter. C‘est d’autant plus important avec les plus beaux spécimens car avec leur plus grande expérience, les grosses daurades royales sont devenues très méfiantes. Walter utilise donc un coulisseau anti-angle noir très discret. Cet accessoire en plastique offre un bien meilleur coulissement du fil que le canal interne de la traditionnelle olive en plomb. De même, son agrafe offre l’avantage de permettre de changer rapidement et facilement de plombée afin de pouvoir s’adapter aux différentes conditions rencontrées (vent, profondeur, courants, etc.). Enfin, cet accessoire s’oriente automatiquement dans l’axe de fuite du poisson pour un coulissement optimal. Le top pour les pêches à la calée !

Monté directement sur le corps de ligne en 30/100 sur lequel il coulisse librement, cet anti-angle est stoppé par un rolling. Celui-ci permet d’avoir une parfaite rotation du bas de ligne d’1,5 à 2 m en fluorocarbone (25/100) et d’ainsi éviter les problèmes de vrillages. Afin de préserver le nœud du bas de ligne des chocs qui pourraient l’abîmer lors du lancer, Walter utilise une perle dure de couleur verte suivie d’une perle molle noire. Une perle molle seule s’écraserait lors du lancer et exposerait le nœud. La perle verte apporte également une touche de couleur qui augmente l’attractivité du montage.

Pour cette session, Walter a choisi d’utiliser un bas de ligne avec montage wishbone pour armer ses crabes. La présence de deux hameçons de chaque côté du crabe lui donne ainsi plus de chance de pouvoir ferrer correctement un de ces beaux sparidés chipoteurs mordant si mal.

Le montage wishbone est constitué de deux courtes empiles accolées dont chacune est dotée d’un hameçon rond à palette de type « Chinu » n° 4 à 1. On peut aussi bien utiliser des hameçons à monter soi-même que des hameçons déjà montés. Il existe même chez certaines marques des montages wishbones vendus « prêt à pêcher ».

Pour les pêches à la calée de la daurade royale, Walter aime utiliser des plombs plastifiés de différentes couleurs. Les daurades étant curieuses lorsqu’elles sont en recherche alimentaire, il a ainsi remarqué que les coloris rouges, jaunes ou bleus ont tendance à les attirer. Ainsi, notre pêcheur a fréquemment eu de bien meilleurs résultats sur ces sparidés avec ce type de plombée colorée.

Ayant une parfaite connaissance de son poste et des conditions requises pour que les daurades royales y soient actives, Walter tient compte du moindre détail pour programmer sa session à la calée. Avec sa grande expérience, il s’est ainsi aperçu que même en Méditerranée, les marées avaient une forte influence sur la pêche. Il privilégie donc les marées à forts coefficients et préfère pêcher lors de la montante. Walter tient également compte de la direction et de l’intensité du vent. Il sait ainsi qu’un vent de terre aplatissant la mer est très favorable à la pêche de belles daurades royales sur son spot. Le pêcheur aime également les créneaux horaires correspondant à la levée de la nouvelle lune (lune donc noire). Il a ainsi remarqué que ces sparidés étaient alors beaucoup plus mordeurs. Tous les facteurs étant réunis cette matinée d’août, Walter a installé son poste à la calée une demi-heure avant le levée de lune.

Walter vient de lancer sa dernière canne eschée avec un crabe blanc et son pick-up est encore ouvert. Alors même qu’il s’apprête à la poser sur son trépied, le pêcheur s’aperçoit que sa ligne se déroule à grande vitesse. Ayant encore la canne en main, Walter ferme son pick-up et une fois la ligne sous tension, il ferre aussitôt. Le départ est très violent et fait hurler le frein du moulinet. Le poisson effectue des rushs interminables et le pêcheur sait déjà qu’il s’agit d’un très beau spécimen. Patiemment, il fatigue le poisson sans se précipiter car il sait qu’une aussi belle daurade royale peut effectuer un ultime rush très puissant quand elle se trouve à proximité de la rive et ainsi casser sa ligne. Les rushs se font de plus en plus courts et Walter prend finalement le dessus. Alors que la daurade se présente sur le flanc, le pêcheur préfère l’épuisetter afin d’assurer sa prise. Un moment toujours délicat quand on est seul !

Encore étonné de ce « départ dans la main », Walter se remet de ses émotions en contemplant cette énorme daurade royale. Le type même de spécimen qu’il est venu rechercher ! Tout à sa joie et plein d’espoir, le pêcheur s’empresse de la peser avec son peson digital. L’écran affiche un poids de 3,480 kg. C’est un très beau poisson et Walter est heureux d’avoir enfin dépassé à nouveau la barrière des 3 kg.

Ce spécimen est magnifique avec sa barrette dorée située entre les yeux qui étincelle au soleil. Son surnom de « belle aux sourcils d’or » lui va parfaitement ! Alors qu’il se photographie avec le retardateur de son appareil photo, Walter observe son impressionnante mâchoire pavée de robustes molaires. Une gueule de cette taille est une véritable meule capable de broyer des crabes grands comme une main ou même des coquillages aussi épais que des huitres !

Se photographier seul reste délicat pour mettre en avant une aussi belle prise et Walter multiplie les clichés car il sait que seuls quelques uns seront réussis. Ce n’est pas tous les jours qu’on capture un tel spécimen !

Mesurant près de 70 cm, ce poisson doit avoir près de 10 à 11 ans. Les autres cannes étant en place et en action de pêche, Walter prend tout son temps pour immortaliser sa prise. La plus belle daurade royale de la saison : une belle récompense après ce si long confinement qui l’a privé de son loisir favori !

Après cette « prise surprise » à peine arrivé, Walter attendra plusieurs heures avant une nouvelle touche. Les mystères de la pêche ! Placées en position basses pour favoriser le coulissement du fil, les cannes sont parfaitement positionnées. Avec sa grande connaissance du poste, Walter a positionné ses montages au centimètre près. Il connaît ainsi le moindre trou sur son spot et il sait exactement à quelle distance placer son appât. Encore ici, la connaissance du milieu où l’on pêche est un véritable avantage !

En milieu de matinée, il apercoit une série de touches discrètes. Sur une tirée plus franche, il ferre. Le combat est moins brutal que précédemment et après quelques minutes, il réussit à sortir une daurade royale d’1,2 kg. Juste avant de partir vers 14.00 h, Walter enregistre une nouvelle pitée sur un montage esché avec un crabe blanc. La daurade dépasse elle aussi le kilo mais elle lui donne l’impression d’être petite à côté du spécimen de plus de 3 kg pris le matin. En rangeant ses affaires, Walter gardera néanmoins la satisfaction d’avoir pris sa plus grosse daurade royale de la saison et oubliera même que les autres poissons faisaient tous deux plus du kilo – ce qui est loin d’être négligeable. Comme pour beaucoup de choses dans la vie, tout est affaire de proportion !